Le professeur Eustache, neuropsychologue, fait le point avec nous sur le fonctionnement passionnant du cerveau, avec ses ratés, ses dérèglements et ses surprises, sur lesquels de plus en plus d’études font la lumière.

Petits et grands oublis, rendez-vous manqués, passages à vide... On a tous peur que notre mémoire nous fasse défaut.  « L’oubli fait partie de la mémoire : il est nécessaire d’évacuer des informations pour laisser la place à de nouvelles, sinon, la vie serait impossible… » explique le professeur Francis Eustache, neuropsychologue, président du conseil scientifique de l’Observatoire B2V des Mémoires et auteur de "Mémoire et oubli" (éd. Le Pommier).   

1. C'est normal de perdre la mémoire à partir d'un certain âge
Faux. Ce n’est pas normal de perdre la mémoire, et ce, à n’importe quel âge. Bien sûr, il faut nuancer. A partir d’un certain âge, la mémoire se modifie, elle est moins réactive. On a parfois de la difficulté à trouver ses mots, ou des problèmes d’accès à nos souvenirs. Mais il faut bien différencier ces petites difficultés des vraies maladies de la mémoire.

2. Si on oublie des choses, c'est le début d'Alzheimer…
Faux. On parle beaucoup de la maladie d’Alzheimer, sans doute trop. On emploie le terme à tort et à travers, et même pour les petits bugs de la vie courante. Alzheimer est une vraie maladie, ne l’oublions pas. Or, l’oubli est partenaire de la mémoire : si la mémoire fonctionne bien, c’est parce qu’elle fait de la place ! Alors, comment voir quand cela se détraque ? Cela dépend de la nature du trouble ; par exemple, si quelqu’un m’appelle et me demande de prévenir mon conjoint, ce que j’omet de faire, ce n’est pas grave. Mais si je ne me souviens pas que quelqu'un a appelé, cela donne un indice… C’est un signal d’alerte. Dans ce cas-là, il existe toute une batterie de tests et d’examens, pratiqués par un médecin neurologue, qui permettent de voir s’il s’agit ou non d’Alzheimer.

3. Il n'y a rien à faire contre la mémoire qui flanche
Faux. En prévention, on peut faire plein de choses. Et c’est d’ailleurs une notion assez nouvelle. Ce n’était pas évident, il y a quelques années , de penser qu’on pouvait prévenir les difficultés de la mémoire. On sait aujourd’hui que l’hygiène de vie joue un grand rôle. En fait, ce qui est bon pour le cerveau, ce sont les mêmes facteurs que pour la protection cardio-vasculaire... (...)

Auteur de l'article original: Cécile Abdesselam
Source: Femme Actuelle
Date de publication (dans la source mentionnée): Lundi, 29. Juin 2015
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