Dory, le petit poisson amnésique de « Nemo », c’est nous. Rien à faire, notre mémoire prend son indépendance et nous lâche comme une fausse alliée. A moins que ce soit pour notre bien ?

Sacrée mémoire qui peut nous fait défaut au moment où on en a le plus besoin : on oublie le prénom d’une personne que l’on croise pour la vingtième fois, un rêve reste insaisissable alors qu’on a le sentiment qu’il détient une clé fondamentale, un livre refermé la veille dont on ne peut restituer la phrase marquante. « La mémoire ne peut pas se souvenir de tout, c’est impossible, explique Valérie Blanco psychanalyste, auteur de « L’Effet Divan, Éloge de la psychanalyse à l'usage de ceux qui veulent déployer leurs ailes », éditions de l’Harmattan. Elle se compose de sons, d’images, d’émotions mais avant tout de chaînes de mots. Et comme les mots ne peuvent malheureusement pas traduire tous nos ressentis, ni tout dire de notre réalité, nos souvenirs sont nécessairement incomplets, troués. » Mais la mémoire sert avant tout… à oublier ! Tout ce qui nous dérange, nous embarrasse, que ce soit un élément du passé, du présent ou du futur, l’esprit préfère parfois le zapper plutôt que de s’y confronter. Alors pour son bien, il refoule, dénie, se livre à des actes manqués. « On peut considérer l’oubli comme un voile sur l’insupportable réel de la vie précise notre spécialiste. L’oubli est une sorte de tri sélectif qui permet de faire son scenario à soi et qui donne du sens à notre existence. »

Je ne retiens rien de ma dernière lecture

« 50 nuances de Grey », dévoré en quelques jours et pourtant impossible de citer quelques passages croustillants du livre. Après tout il n’était peut-être pas si intéressant que cela et n’a rien fait résonner en nous. « Ou au contraire, c’est que ce livre est venu mobiliser des choses essentielles mais qui vous gênent, explique Valérie Blanco. En oubliant vous vous protégez peut-être de vos propres fantasmes secrets que vous n’assumez pas ou qui risqueraient de vous faire changer de vie ou de partenaire. » 

Que faire ? Pensez, à la fin de chaque chapitre lu, à formuler un petit résumé à voix haute tout en fermant le poing droit (en rapport avec l’hémisphère gauche de notre cerveau responsable de la mémorisation). Au moment de se remémorer le livre, serrez le poing gauche (en relation cette fois ci avec l’hémisphère droit qui activera le souvenir). Verbaliser permet aussi l’encodage, c’est-à-dire l’inscription du souvenir dans la mémoire. Parfois, un mot suffit. (...)

Auteur de l'article original: Sandrine Catalan-Massé
Source: Femme Actuelle
Date de publication (dans la source mentionnée): Lundi, 29. Juin 2015
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