Stimulation magnétique transcranienne, spray à l'ocytocine ou supplémentation en créatine : la recherche dans la prise en charge de l'autisme ne cesse d'explorer de nouvelles pistes Le point sur 5 d'entre elles avec le Pr Marion Leboyer, directrice de la fondation FondaMental, dédiée à la recherche sur les maladies psychiatriques et le Dr Monica Zilbovicius, directrice de recherche à l'Inserm.

Fini le temps où l'impuissance des thérapeutes conduisait à pointer du doigt les mères des enfants autistes, soupçonnées d'être insuffisamment aimantes. Grâce aux travaux de précurseurs comme le Pr Gilbert Lelord, et de toute une génération de jeunes chercheurs qui ont marché dans ses traces, on connaît mieux les bases biologiques et neurologiques de la maladie . L'autisme n'est pas une maladie héréditaire ou transmissible, néanmoins des gènes sont impliqués : plus de 250 sont soupçonnés d'être liés à la maladie. Leur étude systématique devrait permettre de regrouper les patients en fonction des mutations repérées et peut-être d'identifier certaines spécificités comportementales.

De nouveaux marqueurs identifiés
L'autisme peut être détecté dès l'âge de 2 ans. Mais le diagnostic est souvent plus tardif. Or plus la prise en charge des troubles est précoce, meilleurs sont les résultats. De nombreuses équipes recherchent donc des marqueurs de la maladie. Ainsi, à l'institut Imagine (Institut des maladies génétiques-Hôpital Necker, Paris) on travaille sur une "signature moléculaire" de l'autisme récemment identifiée. Les études préliminaires montrent que plusieurs molécules sont dérégulées chez les patients autistes. Si elle était confirmée, cette découverte pourrait déboucher sur de nouveaux outils pour le diagnostic précoce et aider à trouver des cibles thérapeutiques.
La supplémentation en créatine
L'imagerie (IRM) révèle des anomalies cérébrales chez plus d'un autiste sur deux. Grâce à la spectroscopie IRM, on a pu aussi constater chez certains enfants autistes un déficit en créatine qui semble responsable de troubles cognitifs. "Si on supplémente ces enfants en créatine, ils sont considérablement améliorés" s'enthousiasme le Pr Arnold Munnich, de l'hôpital Necker à Paris. Ces travaux préliminaires portent seulement sur 12 enfants mais ils sont vecteurs d'immenses espoirs.
La piste du microbiote intestinal

Tout part d'une constatation inattendue. Des enfants autistes mis sous antibiotiques pour une angine voient parfois leurs troubles s'améliorer pendant la durée du traitement. Cette observation a conduit à s'interroger sur une cause infectieuse ou inflammatoire de l'autisme, ou du moins de certains de ses symptômes. A la fondation FondaMental, le Pr Marion Leboyer et ses collaborateurs explorent la piste du microbiote .

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Auteur de l'article original: Cendrine Barruyer
Source: Top Santé
Date de publication (dans la source mentionnée): Samedi, 11. Juin 2016
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