Une nouvelle étude confirme la piste d’un défaut de maturation des neurones avant et juste après la naissance pour expliquer l’origine de l’autisme. Des données qui confortent et coïncident avec le lancement du premier essai de phase 3 pour un traitement des troubles du spectre autistique.

Notre piste sur l'autisme se confirme chaque jour un peu plus”, se félicite Yehezkel Ben-Ari. Le neurobiologiste, professeur émérite Inserm et président de la société de biotechnologie Neurochlore, ne cache pas sa satisfaction à l’heure où une nouvelle publication dans Science Advance confirme que les heures avant et après la naissance sont déterminantes dans la genèse des troubles du spectre de l’autisme. En effet, depuis dix ans, il développe le concept d’un lien direct entre un défaut de maturation neuronale in utero et développement des pathologies neurologiques et psychiatriques. Dans ces derniers travaux, publiés le 23 janvier 2018, son équipe a pu observer pour la première fois des cerveaux avant et après la naissance, chez des rats sains et dans un modèle animal d’autisme.

Les neurones poussent pendant la naissance
Les chercheurs de Neurochlore montrent ainsi que chez les rats autistes, “l’arborisation neuronale et le volume cortical sont plus importants après la naissance qu’avant”, suggérant une croissance des neurones durant cette période, mais aussi une modification liée au travailde l’accouchement et à la naissance. “On observe une augmentation des volumes du cortex et de l’hippocampe sur une région impliquée dans les interactions sociales juste après la naissance”, précise Robin Cloarec, premier auteur de l’étude. Autrement dit, chez les sujets autistes, les neurones continuent de pousser à un moment où ils devraient “se protéger” en quelque sorte. Des observations extrêmement complexes permises par une technique de “transparisation”. Celle-ci consiste à rendre littéralement transparent un organe — le cerveau en l’occurrence — afin de marquer et suivre certaines cellules d’intérêt. “Il s'agit de retirer aux cellules leur opacité due aux lipides membranaires pour obtenir une imagerie 3D”, détaille le Dr Cloarec.

“La naissance est l’un des processus biologiques les plus complexes qui soient chez les mammifères, et pourtant nous ne savons pas comment le cerveau s’y prépare”, explique Yehezkel Ben-Ari.

Auteur de l'article original: Hugo Jalinière et Hannibal Watchi
Source: Science et Avenir
Date de publication (dans la source mentionnée): Vendredi, 25. Janvier 2019
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