Le doute persiste sur son expérience mais le chercheur qui affirme avoir fait naître des bébés génétiquement modifiés est d’ores et déjà condamné par toute la profession. Des experts du génome réunis en colloque à Hong Kong ont décrit une démarche « irresponsable ». Dans un communiqué, ils ont aussi recommandé « une évaluation indépendante pour vérifier cette affirmation et établir si les modifications d’ADN prétendues ont eu lieu. »

Devant un amphithéâtre bondé, He Jiankui s’était la veille dit « fier » d’avoir soi-disant permis la naissance de jumelles, surnommées « Lulu » et « Nana », dont l’ADN aurait été modifié pour les rendre résistantes au virus du sida dont est infecté leur père. Il s’agirait en cas de confirmation indépendante d’une avancée majeure et d’une première mondiale. Son annonce le week-end dernier s’est attiré un torrent de critiques, pour des raisons scientifiques autant qu’éthiques.

Une expérience « non conforme »
Mercredi, le chercheur de Shenzhen avait annoncé la suspension de ses essais en raison du tollé. Il était censé venir s’exprimer à nouveau jeudi devant le second Sommet international sur l’édition du génome, un rendez-vous de spécialistes théoriquement très confidentiel mais qui est désormais au cœur de l’attention mondiale.

Le scientifique ne figurait plus jeudi matin sur le programme officiel de la journée. Le président du comité d’organisation du sommet, David Baltimore, un lauréat du prix Nobel, a affirmé aux journalistes que c’était bien He Jiankui qui avait annulé sa venue, et non les organisateurs. En attendant, ces derniers ont rédigé un communiqué à charge et dénoncé l’annonce « inattendue et profondément troublante » du chercheur chinois, appelant en clôture du sommet à une meilleure supervision des recherches. « Même si les modifications sont vérifiées, la procédure était irresponsable et non conforme aux normes internationales », ont-ils affirmé au sujet des travaux de He Jiankui dans leur communiqué.

Huit couples volontaires
« Parmi les lacunes, figurent une indication médicale insuffisante, un protocole d’étude mal conçu, le non-respect des standards éthiques de protection du bien-être des sujets de recherche et un manque de transparence dans le développement, la vérification et la réalisation des procédures cliniques », ont-ils poursuivi.

Auteur de l'article original: 20 Minutes avec agences
Source: 20 Minutes avec agences
Date de publication (dans la source mentionnée): Vendredi, 30. Novembre 2018
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