Au CHU de Bordeaux, les femmes qui ont accouché d’un enfant prématuré peuvent désormais le voir régulièrement grâce à des vidéos envoyées par l’équipe médicale. Un moyen de lutter contre le traumatisme de la séparation.

16 petites webcams ont été installées au-dessus des lits des enfants prématurés au service de néonatologie de Bordeaux depuis janvier 2017. Le but? Envoyer des vidéos des nouveau-nés aux parents afin d’éviter le traumatisme psychique que peut entraîner la séparation entre la mère et l’enfant au moment de la naissance.

Ce système, appelé «cordon numérique» et utilisé par le personnel soignant du service est une initiative conjointe du CHU de Bordeaux, de l’Association Aquitaine Destination et de la société , qui vise à garder le lien visuel et affectif des parents vers l’enfant.

«Cet outil n’est pas un gadget et il répond à besoin d’atténuer le traumatisme de la séparation souvent brutale entre le bébé et sa famille au moment de l’accouchement», explique au Figaro le Docteur Jean Sarlangue, responsable de l’Unité de néonatologie de l’hôpital des enfants du CHU de Bordeaux.
Ne pas «louper le début du film de la vie»

Car le service de néonatologie accueille des nouveau-nés nécessitant des soins médicaux et donc souvent séparés des parents à la naissance. Avant la mise en place de ce système, les parents ne pouvaient attendre qu’angoissés le retour de leur enfant.

«Je me souviens d’une maman venant de Dordogne qui est arrivée en hélicoptère, et qui s’est réveillée 8 jours après son accouchement, sans ses deux jumelles qui avaient été emmenées pour recevoir des soins», raconte le Docteur Sarlangue. «Elle m’a dit qu’elle avait loupé le début du film de la vie de ses enfants»

Au CHU de Bordeaux sont accueillies des familles de toute la région Nouvelle Aquitaine. En moyenne 50% des familles des enfants présents dans l’unité sont domiciliées hors de Bordeaux Métropole, à plus de 50km, voire même en dehors de la Gironde. Et la durée de séjour des enfants peut varier de quelques jours à plusieurs mois.
Montrer des «tranches de vie»

Aujourd’hui, 16 lits sur les 27 que compte le service sont équipés par ce nouveau système unique en France. Pour les 11 derniers, «ce sont des lits où les parents peuvent rester auprès de leurs enfants la nuit, donc ils ne nécessitent pas ce dispositif», souligne le Dr Sarlangue.

Le lit de l’enfant est scruté en permanence par l’œil électronique de la caméra, dont les données sont centralisées sur le bbWall, un écran de contrôle installé dans le bureau du cadre de santé. Le personnel médical sélectionne des images qu’il envoie ensuite aux parents, via une plateforme sécurisée.

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Auteur de l'article original: Aurélie Franc
Source: Le Figaro.fr
Date de publication (dans la source mentionnée): Dimanche, 30. Avril 2017
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