Sur sa chaîne YouTube, Alain Massol filme son père, atteint de la maladie d’Alzheimer depuis deux ans.
Près de 2 000 abonnés de la France entière au compteur. Depuis le lancement de « Georges fait des vidéos » sa chaîne YouTube* il y a cinq mois, Alain Massol commence à se faire connaître avec ses vidéos atypiques sur son père. Objectif : stimuler la mémoire de Georges, atteint de la maladie d’Alzheimer depuis deux ans. Caméra sous le bras, Alain se rend chaque semaine dans l’Ehpad Erik Satie à Bonneuil pour inventer des mini-scénarios.

Installé dans sa chambre ou dans le jardin, Georges, 80 ans, se prête au jeu aisément. « Il adore être filmé et être le centre de l’attention », confie son fils. Sur cette chaîne vidéos, trois concepts sont mis en forme : l’épisode où le retraité doit résoudre des énigmes, le vlog qui englobe ses réactions à la maladie et le live où il interagit avec les internautes en direct sur les réseaux sociaux.

Des exercices cognitifs et ludiques qui font travailler les différentes parties de son cerveau. « Je lui pose des questions simples sur des sujets de son passé et sur le futur. Cela donne des instants parfois drôles, parfois émouvants », raconte le jeune homme de 30 ans qui avoue s’être beaucoup documenté sur cette maladie « peu abordée en société ». Car Georges est un bon vivant et a l’humour facile.

« Il se lasse très vite »
Pas question pour autant de tenter de battre un record du nombre de vues sur Internet. Alain veut avant tout parler de la maladie d’Alzheimer de façon décomplexée. « C’est surtout une manière pour mon père de sortir de son quotidien et de s’amuser », glisse-t-il. Quitte à se prendre parfois pour une star de la télévision. « Lorsque je le filme dans la rue, il dit tourner dans une émission de Canal Plus », sourit le fils, ancien cadreur, monteur et caméraman.

Quant aux répercussions sur son état de santé, Alain a du mal à prendre du recul. « Ce sont davantage les internautes qui se rendent compte des améliorations ou des régressions », explique-t-il. Regarder longuement l’objectif s’avère être un exercice difficile pour Georges, ancien agent au sol Air France. « Je dois sans cesse capter son attention car il n’est pas concentré longtemps, il se lasse très vite », raconte le trentenaire déjà un brin nostalgique. « Dans 10 ans, je regarderai ces capsules temporelles en me rappelant les bons souvenirs », confie-t-il, ému.

* Elle est enregistrée sur la plateforme

Auteur de l'article original: Charlotte Follana
Source: Le Parisien
Date de publication (dans la source mentionnée): Vendredi, 26. Octobre 2018
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