En émettant des recommandations aux médecins sur le syndrome d'épuisement professionnel ce 22 mai 2017, la Haute autorité de santé (HAS) admet aborder un "sujet à débat et à controverse", selon ses propres termes. Certes, le burn-out n'est pas considéré comme une maladie dans les classifications de référence (CIM-10 et DSM-5). Et de leur côté, des députés et médecins œuvrent pour qu'il soit reconnu officiellement en France comme pathologie professionnelle. Mais la HAS affirme vouloir aller "au-delà de ces débats" pour favoriser la prise en charge médicale des patients dont le mal est bien réel et les accompagner dans le retour au travail. Des recommandations qui s'adressent autant au généraliste qu'au médecin du travail, qui sont invités par la HAS, "dans l'intérêt du patient et avec son accord", à collaborer en cas de signes de burn-out.
Des signes d'ordre émotionnel, cognitif, comportemental...

Pour définir le burn-out, la HAS reprend les conclusions des travaux de Christina Maslach : "Processus de dégradation du rapport subjectif au travail à travers trois dimensions qui sont l'épuisement émotionnel, le cynisme vis-à-vis du travail ou dépersonnalisation (déshumanisation, indifférence) et la diminution de l'accomplissement personnel au travail ou réduction de l'efficacité professionnelle". Définition qui a permis à cette psychologue américaine de créer un test évaluant l'atteinte psychologique au travail et qui porte son nom.

Mais pour proposer ce type de tests à un patient, encore faut-il soupçonner d'éventuels signes de burn-out chez ce dernier. Or repérer les manifestations de ce syndrome n'est pas chose aisée tant elles diffèrent d'un individu à l'autre. "Les principaux symptômes sont aussi bien d'ordre émotionnel (anxiété, tristesse, hypersensibilité, absence d'émotion...), cognitif (troubles de la mémoire, de l'attention, de la concentration...), comportemental ou interpersonnel (isolement social, comportement agressif ou violent, diminution de l'empathie, comportements addictifs...), motivationnel (désengagement, remise en cause professionnelle, dévalorisation...) que physique (troubles du sommeil, troubles musculo-squelettiques, gastro-intestinaux...)", détaille la HAS. Le médecin est donc invité à identifier toutes ces manifestations avant d'écarter l'hypothèse d'une maladie physique. L'Autorité de santé insiste également sur l'importance de "juger de la sévérité de ces signes et d'évaluer en priorité le risque suicidaire".

Les conditions de travail passées au peigne fin

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Auteur de l'article original: Lise Loumé
Source: Sciences et Avenir
Date de publication (dans la source mentionnée): Lundi, 29. Mai 2017
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