Cancer, langue de feu et piercing : les dangers méconnus que court votre langue
Garante du goût, mais aussi en partie de notre santé bucco-dentaire, siège de "bonnes" bactéries et composée de 17 muscles, la langue est un organe très utilisé mais peu considéré. Les brossages répétés, le tabac, l'état psychologique, mais aussi les relations sexuelles à risque ou les piercings peuvent gravement l'endommager.

BROSSAGE REPETE. Une langue saine s'auto-nettoie grâce à la salive que l'on déglutit en moyenne mille à deux mille fois par jour. Le brossage quotidien d'une langue saine, "commercialement incité", est une "erreur" : "Cela peut altérer sa surface et perturber l'équilibre des bonnes bactéries qui colonisent notre tube digestif", explique à l'AFP Sophie-Myriam Dridi spécialiste de médecine bucco-dentaire au CHU de Nice.
CANCER. "Mais je ne fume plus que cinq cigarettes par jour !", réagissent certains des fumeurs parmi les 4000 patients annuels atteints d’un cancer de la langue. "Oui, mais depuis combien de temps ?", questionne le Dr Dridi. "Ils répondent depuis 15 ans, 20 ans. Plus on fume longtemps plus le risque est élevé". Un risque d'ailleurs augmenté par une consommation associant tabac et alcool. Toute masse qui pousse ou lésion ressemblant à un aphte indolore qui ne guérit pas doit inciter à aller consulter, soulignent les spécialistes.
LANGUE DE FEU. Par ailleurs, la langue peut aussi être le reflet du stress et du mal-être : les patients atteints de "glossodynie" ou "langue de feu" ont une langue douloureuse et pourtant normale, dont le soin relève d'une prise en charge psychologique.
SYPHILIS. Les chirurgiens-dentistes dépistent aussi des lésions buccales de "syphilis" qui est en recrudescence chez des patients ayant des pratiques sexuelles à risques (partenaires multiples, rapports non protégés…). "J'en ai vu au niveau de la langue (comme un aphte atypique)", précise Mme Dridi.
PIERCING. Pour le piercing, risques allergiques, infections, plaies, saignements, anesthésie partielle (amoindrissement des sensations) font partie des risques immédiats. A plus long terme, on observe des destructions de la gencive derrière les incisives du bas dont les racines ne sont plus protégées. Elle cite également l'exemple d'un jeune homme qui, à force de jouer avec les boules de son attribut lingual, s'est cassé une molaire, fragilisée par les chocs répétés. "Le piercing de la langue, franchement, je ne le recommande pas", conclut la praticienne.
En revanche, malgré les innombrables échanges de microbes que peut contenir la salive, les baisers à la française (avec la langue), étant donné leur grand nombre chaque jour dans le monde, comportent un "risque infectieux très faible", rassure-t-elle. (...)

Auteur de l'article original: Sciences et Avenir avec AFP
Source: Sciences et Avenir avec AFP
Date de publication (dans la source mentionnée): Dimanche, 3. Décembre 2017
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