En analysant l'activité cérébral et grâce à une intelligence artificielle, cette interface imagine les mouvements que devrait effectuer notre bouche, puis les mots qui peuvent en résulter. Depuis quelques années, la recherche a énormément avancé dans le domaine des “interfaces cerveau-machine”, qui permettent de contrôler par la pensée des actions simples via un ordinateur.

Ce mercredi 24 avril, des chercheurs ont annoncé avoir réussi à transcrire l’activité cérébrale en mots. Bref, de passer de la pensée à la parole. L’implant analyse une zone du cerveau bien spéciale, dédiée au contrôle des organes nécessaires pour parler: langue, lèvres, larynx et joues.

Une intelligence artificielle va alors imaginer, à partir de ces signaux électriques, les “mouvements” que feraient ces différents organes. Puis un deuxième algorithme va transformer ces mouvements en paroles de synthèse. Ces travaux sont publiés dans Nature. Les chercheurs précisent cependant qu’il s’agit d’une preuve de concept et qu’il faudra encore beaucoup d’expérimentations pour s’assurer de l’efficacité de cette technologie.

Une vitesse incomparable
Si l’on est loin des rêves d’homme augmenté des transhumanistes, ces technologies sont très utiles pour les personnes atteintes de divers handicaps, notamment pour retrouver la parole.

Ce n’est pas le premier dispositif de ce genre. On pense bien sûr à celui qu’utilisait le physicien Stephen Hawking, qui fonctionnait avec sa joue. Il y a des équivalents pour l’oeil. Ces dernières années, l’utilisation d’implants cérébraux a permis de faire des progrès importants. En lisant les ondes cérébrales impulsées par l’idée de sélectionner des lettres sur un écran, des personnes paralysées ont ainsi réussi en 2017 à écrire huit mots par minute.

C’est deux fois plus que les précédentes technologies, mais cela reste très éloigné des 150 mots par minute du langage naturel. Et c’est justement la vitesse que pourrait atteindre en théorie cette nouvelle interface, ont expliqué les chercheurs dans une conférence de presse ce mercredi 24 avril.

Au global, cinq personnes ont participé à l’expérience et prononcé plusieurs centaines de phrases. Elles ont également mimé des mots sans produire de son. Le résultat était moins précis, mais tout de même encourageant pour de futures recherches, précisent les chercheurs.

Une voix de synthèse perfectible
Il est possible d’écouter ci-dessous une phrase reconstituée et sa version originale.

Certes, la qualité est bien en deçà. Mais elle est tout de même très encourageante. Pour vérifier si les propos de synthèses sont intelligibles, les chercheurs ont demandé à des participants extérieurs de déchiffrer ces propos.  (...)

Auteur de l'article original: Grégory Rozières
Source: Le Huffington Post
Date de publication (dans la source mentionnée): Jeudi, 25. Avril 2019
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