Tout le monde en a conscience : écouter trop fort sa musique est dangereux pour ses oreilles. Mais pourquoi ne parvenons-nous pas à baisser le son ?

Écouteurs vissés sur les oreilles, portable à la main. Les modes de consommation de musique ont évolué avec le développement de la technologie. Non sans certains risques pour les oreilles, surtout celles des jeunes, expliquent des spécialistes réunis lundi soir au ministère de la Santé, à l’occasion de la 15ème semaine du Son (du 20 janvier au 4 février).

Depuis les années 1990, l’écoute à la maison sur poste fixe a été remplacée par le walkman, puis par le téléphone portable. La musique s’écoute dans la rue, au bureau ou dans les transports en commun. Parmi les jeunes de 18 à 35 ans, l’écoute au casque ou aux écouteurs est passée de 47% en 2007 à 70% en 2014, selon une étude de l’agence Santé publique France. Et 13% des jeunes avaient une utilisation «fréquente et intensive» de leur appareil en 2014 (contre seulement 4% en 2017).

«Cette augmentation, cohérente avec les évolutions technologiques, (…) représente, du point de vue de la santé publique, un risque important d’augmentation des cas de perte de facultés auditives en population générale, avec un coût potentiellement très élevé pour la collectivité», alertaient déjà les chercheurs en 2014.

Un environnement plus bruyant
Mais pourquoi les casques et écouteurs sont-ils dangereux? Tout d’abord, parce qu’il devient facile d’écouter de la musique pendant plusieurs heures, sans être interrompu. Mais également parce que l’environnement dans lequel évoluent les Français est bruyant et il faut ainsi augmenter le son pour couvrir le bruit.

Dans la capitale, Bruitparif un observatoire parisien qui mesure les décibels émis, estime qu’en moyenne, dans certaines zones plus passantes (les quais de Seine), le son peut atteindre les 75 à 85 décibels (dB). Or le premier seuil de risque pour l’audition est établi à 80 dB par le ministère de la Santé.

Il existe bien des sécurités sur les téléphones portables et autres appareils d’écoute, qui empêche de trop augmenter le son sans autorisation manuelle, «mais qui s’en préoccupe?», questionne le Pr Paul Avan, qui travaille dans l’équipe biophysique neurosensorielle à l’Inserm. «Tout le monde augmente tout de même son volume dès lors qu’il n’entend rien dans la rue.»

La compression dynamique
Les chercheurs avancent une autre hypothèse: la compression dynamique du son serait à l’origine d’une fatigue auditive extrême car elle ne laisse aucune pause à l’auditeur. Cette compression, très présente dans le format MP3, permet d’entendre tous les sons au même niveau. (...)

 

Auteur de l'article original: Aurélie Franc
Source: Le Figaro.fr
Date de publication (dans la source mentionnée): Dimanche, 28. Janvier 2018
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