Dans la revue Neurology, des scientifiques d'Harvard, des scientifiques affirme avoir une idée plus précise de l'endroit où, dans le cerveau, se loge la fameuse "conscience humaine".

Atlantico : Un article de la revue Neurology datant de novembre 2016 relatent que des chercheurs de l'Université d'Harvard pourraient avoir identifié les régions du cerveau responsables de la conscience. Si des études doivent encore être menées, quelles pourraient être les conséquences concrètes d'une telle avancée pour les personnes inconscientes (coma, état végétatif) ?
Jocelin Morrison : Ces travaux sont importants et ont effectivement des implications pour les personnes qui sont en état d’inconscience apparente ou non-communicants. Dans certains états consécutifs à des comas, il existe en effet un état de conscience minimale, dit pauci-relationnel, qu’il faut pouvoir identifier. D’autres travaux du Coma Science Group de Liège, ou du Pr Lionel Naccache, nous ont apporté des clés importantes sur ces états et ils permettent d’identifier des niveaux de conscience même chez des patients qui sont en incapacité de communiquer et qui peuvent sembler inconscients.

Dans le cas des chercheurs de Harvard, ils ont identifié une région du tronc cérébral qui agirait comme une sorte d’interrupteur pour la conscience. Cette zone est reliée à deux zones du cortex et quand cette liaison est coupée, le patient est dans un coma profond. Aujourd’hui, l’imagerie cérébrale permet de donc de savoir si il existe ou non des lésions dans ces zones clés et ainsi de pouvoir identifier s’il existe un état de conscience même si le patient est aréactif ou dans l’incapacité de communiquer. Quand le patient a un état de conscience qui lui permet de recevoir des consignes, on peut alors utiliser cette possibilité pour communiquer et anticiper une rééducation.

Ces avancées peuvent-elles concerner d'autres patients que ceux dits en état d'inconscience ? Certaines maladies du cerveau pourraient-elles être concernées également (d'une manière très large, peut-être) ?
Les relations entre cerveau et conscience restent mystérieuses. L’identification de ces régions spécifiques n’est qu’une première étape, de l’aveu même des chercheurs. Mais on peut imaginer que cela va profiter à tous les patients pour lesquels se pose la question de l’état de conscience, qu’il s’agisse de maladies psychiatriques comme les psychoses ou de maladies neurodégénératives comme l’Alzheimer. Il faut faire attention de bien distinguer plusieurs niveaux d’analyse. On sait qu’une grande partie de l’activité du cerveau est inconsciente. Nous effectuons de nombreuses tâches qui relèvent d’un traitement d’information, y compris des « calculs » ou la perception de la signification de mots, mais (...)

Auteur de l'article original: Jocelyn Morisson
Source: Atlantico.fr
Date de publication (dans la source mentionnée): Vendredi, 13. Avril 2018
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