La technique de l’EMDR est désormais considérée par la Haute Autorité de santé comme un « traitement de choix » dans l’état de stress post-traumatique (PTSD).

EMDR. Quatre lettres pour une curieuse thérapie, peu connue du grand public et parfois décriée. Thérapie basée sur les mouvements oculaires, l’EMDR (Eye movement desensitization and reprocessing, en français «désensibilisation et retraitement par mouvements oculaires»), inventé en 1987 par l’Américaine Francine Shapiro, n’a pourtant rien de magique. Elle est même désormais considérée par la Haute Autorité de santé comme un «traitement de choix» dans l’état de stress post-traumatique (PTSD), sauf en cas de pathologie psychotique.

    «Chez quelqu’un en état de stress post-traumatique, le souvenir fait aussi mal que l’événement lui-même »

    Stéphanie Khalfa

«Le stress post-traumatique repose sur l’altération du mécanisme cérébral du traitement de la peur», explique Stéphanie Khalfa, chercheuse du CNRS à l’Institut des neurosciences de la Timone (Marseille). Perturbé, le sommeil des victimes serait plus court et essentiellement composé de sommeil profond, aux dépens du sommeil paradoxal nécessaire pour correctement traiter les souvenirs. «Normalement, lorsque vous vous souvenez d’un épisode difficile de votre vie, vous savez que ce moment était douloureux mais ne ressentez plus l’émotion associée. Chez quelqu’un en état de stress post-traumatique, le souvenir fait aussi mal que l’événement lui-même.»

Le stress post-traumatique altérerait l’activité de deux structures cérébrales: le cortex préfrontal ventro-médian, chargé de gérer la réponse à la peur, deviendrait moins actif tandis que l’amygdale, responsable du signal de la peur, se ferait hyperactive. Le manque de sommeil paradoxal empêchant de corriger ces dysfonctionnements.

C’est là qu’intervient l’EMDR: en reproduisant les mouvements oculaires naturellement présents lors des phases de sommeil paradoxal, il permettrait de mobiliser les bonnes structures cérébrales pour stocker «proprement» les souvenirs traumatiques.
Collaboration avec l’armée

Stéphanie Khalfa a monté, en collaboration avec l’armée, une étude en réponse à l’appel lancé par le patron du CNRS, Alain Fuchs, après les attentats du 13 novembre. Il s’agit de définir des facteurs prédictifs de l’évolution des patients atteints de stress post-traumatique et traités par EMDR. Soixante soldats participeront: tous ont vécu des scènes de guerre violentes au Mali ou en Afghanistan, mais seuls la moitié d’entre eux ont développé un stress post-traumatique.

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Auteur de l'article original: Soline Roy
Source: Le Figaro.fr
Date de publication (dans la source mentionnée): Vendredi, 27. Janvier 2017
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