Médecins, infirmiers, kinésithérapeutes, orthophonistes... Le ton monte chez les professionnels de santé libéraux. « Comme les routiers et les artisans-taxis, nous subissons de plein fouet la flambée des prix des carburants », s'emporte le Dr Michel Chassang, président du Centre national des Professions libérales de Santé (CNPS). Les conséquences sur les visites au domicile, s'en font déjà sentir…
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« Notre situation est d'autant plus difficile que nos tarifs sont bloqués », explique-t-il. Autrement dit, impossible pour tous ces professionnels qui effectuent des soins à domicile, de répercuter l'augmentation du « poste carburant » sur le tarif des visites. Pour Michel Chassang, « cette situation ne peut plus durer. Les professionnels qui se rendent au domicile de leurs patients travaillent à perte ».

L'inquiétude grandit également parmi les infirmières. Et pour cause comme l'explique Philippe Tisserand, président de la Fédération nationale des Infirmiers (FNI). « Une infirmière libérale parcourt 200 km par jour en moyenne. Si cette situation perdure, elles vont limiter leurs déplacements, prenant en charge par exemple des patients regroupés dans une zone définie. Et cela malheureusement, au détriment des zones rurales et de l'habitat dispersé ».

Même son de cloche du côté des orthophonistes. « Aujourd'hui, nous nous rendons seulement chez les patients qui sont dans l'impossibilité de se déplacer » renchérit Sylviane Lewik membre de la Fédération nationale. « Nous sommes donc contraints d'opérer une sélection ».

Pour tous ces professionnels, la situation est aberrante. Ils pointent évidemment du doigt le montant d'indemnisation des frais de déplacement et l'indemnité kilométrique, qui dans certains cas n'ont pas varié depuis… 20 ans. Comme l'ajoute Alain Bergeau, Président de la Fédération française des Masseurs-Kinésithérapeutes-Rééducateurs (FFMKR), « la France s'est lancée dans une politique de maintien à domicile des patients pour éviter une hospitalisation ou l'entrée en maison de retraite. On nous demande d'y participer activement, mais sans nous en donner les moyens ».

La visite à domicile semble clairement menacée. « Nous sommes confrontés à un vrai problème de santé publique » ajoute Alain Bergeau. Au-delà bien sûr des répercussions pour les patients, cette situation devrait entraîner des effets totalement inverses à ceux escomptés par la politique de maintien à domicile. Car « moins de visites à domicile, cela veut dire une explosion des transports sanitaires », poursuit Sylviane Lewik. Quant à Michel Chassang et Philippe Tisserand, ils s'attendent quant à eux à un « report vers l'hôpital »…

Source : Interviews : Dr Michel Chassang, président du CNPS, Philippe Tisserand, président de la FNI, Sylviane Lewik membre de la FNO, Alain Bergeau, Président de la FFMKR, 17 juin 2008

Date de publication (dans la source mentionnée): Lundi, 23. Juin 2008