Une machine qui apprend toute seule ou encore un ordinateur capable de se faire passer pour un humain* ? L’intelligence artificielle (IA) est partout mais sa définition semble encore bien floue. Toutefois, les enjeux éthiques qu’elle soulève doivent être interrogés. Aurélien Dutier, philosophe et chargé d’étude à l’espace Ethique des Pays de la Loire, en évoque les contours, en particulier en matière de médecine et de santé.

« Il est difficile de définir le terme d’intelligence artificielle, dans la mesure où la définition même de l’intelligence fait l’objet de débats », explique Aurélien Dutier. S’agit-il d’une simple somme de connaissances ? De la capacité à prendre une décision en fonction de plusieurs critères ? Ou encore celle d’interagir avec un environnement ? Comment déterminer qu’une machine possède une forme d’intelligence, qu’elle est davantage qu’une machine surpuissante ?

Malgré ces questions toujours en suspens, l’intelligence artificielle va entrer de plain-pied dans plusieurs domaines en France. C’est ce qu’a annoncé Cédric Villani, mathématicien et député pour le mouvement La République en marche, sur France Inter ce matin du 28 mars 2018. Avant de rendre public un rapport qu’il a lui-même rédigé sur le sujet. Il a notamment révélé que l’IA avait vocation à être développée dans 4 secteurs : la santé, le transport, la défense et l’environnement.

La médecine, un secteur sensible ?

Dans le secteur de la santé donc, l’IA recouvre actuellement de manière concrète plusieurs compétences. Les algorithmes concernés ont notamment pour but de simuler les facultés cognitives humaines afin d’aider à la décision médicale. Exemple, le logiciel informatique Watson, développé par la firme IBM, est capable d’analyser toutes les données d’un patient (ses symptômes, les consultations médicales, ses antécédents familiaux, ses résultats d’examen…) afin de lui appliquer un savoir scientifique pour déterminer le meilleur traitement.

Selon Aurélien Dutier, la machine dotée d’une forme d’intelligence peut en effet aider à la décision. « Sur des éléments d’arbitrage, la machine peut aider à raisonner de façon plus objective », note Aurélien Dutier. Certains algorithmes pourraient ainsi améliorer la prise de décision, par exemple pour une greffe. En matière de prise en charge du diabète, des scores sont en outre actuellement élaborés pour déterminer quels patients bénéficieraient d’une opération de chirurgie bariatrique en fonction de nombreux facteurs de risque et critères de bénéfices.

Mais peut-on pour autant envisager de déléguer tous les choix et les diagnostics médicaux à l’IA ? (...)

Auteur de l'article original: Laura Bourgault pour Destination Santé
Source: interview d’Aurélien Dutier, philosophe et chargé d’étude à l’espace Ethique des Pays de la Loire, 22 février 2018
Date de publication (dans la source mentionnée): Dimanche, 8. Avril 2018
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