De Aline Mohen-Vincent

Aujourd’hui, tout le monde sait à peu près ce qu’est la dépression, la maladie d’Alzheimer ou un TOC. Mais il ne faut pas oublier que ces connaissances ordinaires sur les troubles mentaux sont un acquis récent. Il y a trente ans encore, la dépression n’était pas si couramment diagnostiquée, y compris dans le monde médical. Les dépressifs ou leur entourage ignoraient souvent la nature de la maladie. Les campagnes d’information, les témoignages publics comme celui de Philippe Labro (Tomber sept fois, se relever huit, Gallimard, 2005), les documentaires télévisés, les articles de journaux, les talk-shows, etc., ont contribué à faire connaître ces maladies, et quelques autres, au grand public. Les campagnes d’information sont donc un enjeu crucial : la connaissance d’un trouble est le préalable de toute prise en charge.

Si leur nom est bien connu, il reste que les idées fausses circulent sur certaines maladies. Ainsi, les schizophrènes. Quelques horribles crimes commis par de jeunes malades durant une phase de crise aiguë ont marqué les esprits. Les schizophrènes font peur. Selon un sondage de l’Ifop, 65 % des Français pensent qu’un schizophrène est un danger pour autrui alors qu’il y a seulement 0,2 % (2 pour mille) de schizophrènes dangereux. De même, 56 % des Français refuseraient de travailler avec un schizophrène. Autre idée reçue : peu de Français savent que parmi les 1 % de schizophrènes, l’immense majorité vivent une vie à peu près normale grâce à des traitements pharmacologiques et aux psychothérapies qui les accompagnent.

Et même si les troubles mentaux, malgré tout, sont de mieux en mieux connus dans la population, la consultation psychiatrique reste encore « stigmatisante » pour beaucoup de gens. «  Je ne suis pas fou ! », entend-on encore souvent lorsqu’une entrevue avec un psychiatre est préconisée. D’où l’importance de la lutte contre les préjugés et idées reçues.

Source : Sciences Humaines

Date de publication (dans la source mentionnée): Lundi, 14. Juin 2010
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