Les pédopsychiatres savent que la manière de communiquer avec leurs petits patients est primordiale.

Les plus grandes œuvres naissent parfois de frustrations quotidiennes presque invisibles. Prenez une petite fille, Françoise, âgée de 5 ans. Alors qu'elle est dans la cuisine d'une maison de vacances, en été, elle entend les adultes dire régulièrement autour d'elle: «Les crevettes demandent à être cuites vivantes.» Un jour, de plus en plus intriguée, elle interroge ces grandes personnes: comment est-ce possible de comprendre la langue des crustacés? Réponse en forme d'humiliation pour elle: «Mais qu'est-ce qu'elle est bête, celle-là!»

De ces décalages entre la parole des adultes et ce qu'en comprennent les enfants, du manque d'écoute dont sont victimes les petits, et encore plus les bébés, Françoise Dolto fera l'axe central de ses recherches et de sa clinique. Après elle, et d'abord dans les services de pédopsychiatrie et les consultations d'analystes, on ne s'adressera plus de la même manière aux enfants. Une révolution qui, quoique parfois mal comprise, a incité aussi les parents à être vigilants sur les mots qu'ils emploient pour expliquer le monde à ces êtres humains en devenir. Quoique petits, leurs enfants ne sont-ils pas déjà des «personnes»?. (...).

Source : Le Figaro Santé (extrait)

Date de publication (dans la source mentionnée): Mardi, 27. Mars 2012
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