Le comité d'éthique au secours des « futurs sauvageons » - Par Destination Santé
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Le CCNE a donc rendu publiques ses conclusions sur les implications éthiques de l'expertise de l'INSERM concernant le dépistage et la prise en charge du « trouble des conduites » chez l'enfant. Et il n'y va pas par quatre chemins…
Le Comité consultatif national d'Ethique pour les Sciences de la Vie et de la Santé, le CCNE donc, s'interroge sur le bien-fondé d'un dépistage dès l'âge de 3-4 ans, de ce qu'il appelle le « trouble des conduites ». Cette recommandation rappelons-le, ressortait de l'expertise rendue par l'INSERM.
Les gardiens de l'éthique redoutent en fait le mélange des genres : « Les conclusions (de l'INSERM) confondent facteurs de risques et relation de causalité. Ce qui soulève plusieurs problèmes éthiques ». Tout d'abord l'ambiguïté même de la définition du « trouble des conduites ». Pour le CCNE, l'expression tendrait à occulter les frontières entre maladie et délinquance. Entre ce qui relève du médecin, et ce qui concerne le judiciaire. « Dans son avant-propos, le rapport d'expertise (de l'INSERM) relève bien initialement cette ambiguïté (...) mais pour ne plus ensuite y revenir ni en tenir compte »...
Autre problème, la nature très différente des comportements entrant dans les critères diagnostiques du « troubles des conduites ». Le Comité reproche également au rapport de l'INSERM une certaine tendance à prêter « à des causes génétiques ou à des prédispositions cérébrales (...) un rôle prépondérant dans l'évolution vers des formes violentes de délinquance ».
Le rapport de l'INSERM « méconnaît toute une série de travaux » relatif aux notions d'inné et d'acquis. Il est en effet avéré que l'environnement module la façon dont les gènes sont utilisés. Et ce dès « la période de développement embryonnaire ». En clair, tout n'est pas joué dès l'âge de 3-4 ans...
Le CCNE estime ainsi que toute la logique du rapport d'expertise devrait être revue. Car en l'état actuel des connaissances, « une approche visant à prédire une évolution vers des formes violentes de délinquance à partir de troubles précoces du comportement n'est pas pertinente sur le fond. (Elle) donc doit être proscrite ». Le Comité d'Ethique avait été saisi le 6 avril 2006 par le collectif « Pas de zéro de conduite pour les enfants de moins de 3 ans » qui regroupe des psychologues, des pédopsychiatres et des représentants d'associations.
Source : CCNE, 6 février 2007
(Destination Santé)