Protéger la famille des patients décédés de maladie en réalisant des tests génétiques post-mortem, c'est la proposition de loi adoptée par le Sénat. L'objectif : détecter les prédispositions génétiques potentiellement néfastes et prévenir la maladie chez les survivants.

Une proposition de loi visant à autoriser les analyses génétiques sur les personnes décédées a été adoptée par la commission des affaires sociales du Sénat à l'unanimité mercredi 30 mai 2018. Cela devrait représenter une avancée significative pour les patients dont des membres de leur famille ont succombé à la maladie avant de savoir si un facteur génétique potentiellement présents chez d'autres parents en était à l'origine.

Notre génétique peut prédisposer au développement de certaines maladies, comme des cancers
Certains fragments de notre ADN, présent dans chacune de nos cellules, peuvent prédisposer à développer des pathologies. Dans le cas des cancers notamment, de nombreux "marqueurs génétiques" ont été identifiés. Héréditaires par définition, ces prédispositions sont la raison pour laquelle les antécédents familiaux sont largement pris en compte par les professionnels de santé. Ainsi, lorsqu'une personne décède de maladie, il pourrait être aidant pour sa famille de savoir si ce décès est lié à un marqueur génétique et, si oui, s'ils le possèdent également. Les personnes identifiées à risque pourraient ainsi bénéficier d'un suivi plus strict et plus efficace. "Les techniques permettent d'analyser du tissu conservé en laboratoire et qui avait été prélevé plusieurs années auparavant", explique le Sénat, souhaitant "une évolution législative" pour mettre en adéquation "les évolutions technologiques et les progrès scientifiques".

Une nouvelle loi pour procéder au test génétique à la demande de la famille
En effet, la loi actuelle prévoit que ces tests génétiques ne peuvent se faire qu'avec le consentement explicite du patient… Une condition évidemment impossible à remplir lorsqu'il est décédé. Parfois, il est pourtant "nécessaire de remonter l'histoire familiale de cancers afin de conseiller les apparentés vivants", écrit le Sénat. La nouvelle proposition de loi, déposée par le sénateur des Républicain Alain Milon et cosignée par 64 autres sénateurs prévoit donc que ces tests génétiques pourront être faits sur le patient décédé à la demande d'un membre de sa famille, à moins que le patient ne s'y soit opposé de son vivant. Cette proposition de loi doit être votée mercredi 6 juin 2018.

Auteur de l'article original: Camille Gaubert
Source: Sciences et Avenir
Date de publication (dans la source mentionnée): Dimanche, 3. Juin 2018
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