FIGAROVOX/ENTRETIEN - Mercredi 26 septembre, l'Association des Paralysés de France organisait une manifestation contre le manque d'accessibilité des villes aux personnes en situation de handicap. Clotilde Aubet, elle-même en fauteuil roulant, analyse les raisons de cette colère.

Clotilde Aubet est étudiante en Master à Sciences Po. Elle vient de publier Intermittente du fauteuil, un livre sous forme de témoignage dans lequel elle raconte son quotidien avec la maladie et son fidèle fauteuil.

FIGAROVOX.- À Paris, des personnes en fauteuil roulant ont manifesté pour demander un meilleur accès au métro. Quels aménagements faut-il faire pour rendre une station de métro accessible?

 

Clotilde AUBET.- Tout dépend du type de handicap dont on parle. En effet, pour une personne à mobilité réduite, les ascenseurs sont indispensables, puisque ni les escalators ni a fortiori les escaliers ne sont praticables lorsque l'on est en fauteuil roulant ou avec un déambulateur. Dans l'idéal, l'accès dans le métro ne doit pas être trop haut, par exemple pas une marche de 10 cm de haut, mais tout au plus 3-4 cm. Néanmoins, le concept d'accessibilité concerne toutes les formes de handicap, et pas seulement les personnes à mobilité réduite. Par exemple, les personnes aveugles et malvoyantes ont aussi besoin d'aménagements, notamment du relief au sol pour le guidage ou une annonce à voix haute du nom des stations.

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D'après les manifestants, seules 9 stations du métro parisien (sur 303!) sont réellement accessibles. Comment se fait-il que cette question ne soit pas suffisamment prise en compte?

Il y a sans doute plusieurs explications. Mais pour moi, cela s'explique en grande partie par le fait qu'aucun grand homme politique de ces dernières décennies n'a été réellement confronté au problème de l'accessibilité sur un plan personnel. Ça n'a pas été et ce n'est donc pas une priorité pour eux. Il y a aussi une question de coûts qui sont indéniablement très élevés, si on décide d'aménager toutes les stations de métro parisiennes par exemple. À cela s'ajoute aussi une prioritisation politique des dépenses. Les personnes à mobilité réduite restent une minorité de la population. D'une façon un peu cynique, je dirais que rendre accessible le métro nécessite des dépenses importantes pour un bénéfice politique sans doute assez faible puisque cela touche potentiellement peu d'électeurs. Bref, du point de vue de l'impact, cet argent pourra toujours être mieux investi...

N'y a-t-il pas, pourtant, des dispositions légales concernant l'accessibilité des lieux publics aux personnes en fauteuil?

Si, bien sûr!  (...)

Auteur de l'article original: Paul Sugy
Source: Le Figaro.fr
Date de publication (dans la source mentionnée): Vendredi, 28. Septembre 2018
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