Des chercheurs canadiens se sont intéressés à ce qui se passe dans le cerveau des adultes lorsqu’un bébé pleure ou rit. L’étude montre une modification des fonctions cognitives des parents sous l’effet des cris de l’enfant.

Si bébé pleure, c’est pour attirer l’attention des adultes parce qu’il a faim, qu’il a mal quelque part… Ce phénomène qui favorise la survie infantile a été sélectionné par l’évolution. Mais que se passe-t-il au niveau du cerveau des parents lorsque leur rejeton pleure ? Voici la question que se sont posée des chercheurs du département de psychologie de l’université de Toronto, au Canada.

L’étude a porté sur l’effet des sons émis par des nourrissons sur le cerveau des adultes. Des enregistrements audio diffusaient les rires ou les pleurs d'un bébé. Ces sons ont été testés sur des adultes qui devaient accomplir une tâche induisant un conflit cognitif. Cet exercice consistait à identifier rapidement la couleur d’un mot imprimé en ignorant le sens du mot. Par exemple, le participant qui lit le mot « rouge » écrit en vert connaît un conflit cognitif : c’est l’effet Stroop.

L’activité du cerveau a été suivie grâce à un électroencéphalogramme. Pour caractériser précisément l’effet des pleurs du bébé, les chercheurs se sont focalisés sur des ondes particulières du cerveau : les ondes P200 et N450, qui sont respectivement associées à l’attention et à la gestion d’un conflit cognitif. Ces ondes sont intéressantes pour étudier l’effet Stroop au niveau du cerveau.

Pour la première fois, cette recherche parue dans Plos One décrit la dynamique neuronale qui explique l’influence particulière des pleurs d'un bébé sur le contrôle cognitif.

Une attention réduite et un fort conflit cognitif chez l'adulte

Les résultats montrent que la performance au test est moins bonne lorsque l’adulte est distrait par des pleurs plutôt que par des rires. Les données cérébrales ont montré que lorsque le bébé pleure, l’attention pour exécuter la tâche est réduite ; il y a aussi plus de conflit cognitif lorsque l’enfant pleure que lorsqu'il rit.

Les données d’électrophysiologie ont révélé que les pleurs, plus que les rires, ont réduit l’attention à la tâche (avec P200 plus petite) et ont augmenté le processus conflictuel cognitif (avec N450 plus importante). P200 et N450 sont inversement reliées, ce qui suggère une relation réciproque entre l’attention et le conflit cognitif.

En résumé, avec les pleurs de bébé, le conflit cognitif est plus important et l’attention réduite. Les pleurs de bébé ne font donc pas qu’attirer l'attention de l'adulte (...)

Auteur de l'article original: Marie-Céline Jacquier
Source: Futura Sciences
Date de publication (dans la source mentionnée): Dimanche, 29. Mai 2016
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