Entre 3 à 4% des adultes seraient atteints de ces troubles plus connus pour toucher les enfants.

Ils sont trois fois plus nombreux que les schizophrènes, et pourtant, les articles grand public qui leur sont consacrés sont rares, comme si le sort des adultes souffrant de troubles de déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) n'intéressait personne: ni les pouvoirs publics, qui n'ont jamais lancé de «plan TDAH», ni les professionnels de la santé, qui n'en entendent même pas parler pendant leurs études. Trois des symptômes principaux du TDAH sont l'inattention, l'hyperactivité et l'impulsivité, chacun étant «dosé» différemment selon les personnes. Mais provoquant en fin de compte une vie chaotique d'adultes en perdition.

Importance du diagnostic précoce
Cela se fait déjà depuis longtemps dans d'autres pays comme la Grande-Bretagne, la Hollande, la Norvège, les États-Unis, etc., alors pourquoi un tel retard en France? «La conséquence, c'est une énorme perte de chance pour ces adultes au parcours souvent très chaotique et leur famille», dénoncent d'une seule voix les Drs Régis Lopez et Hervé Caci, respectivement psychiatres au CHU Gui-de-Chauliac de Montpellier et au CHU Lenval de Nice (et coauteur de Le TDAH de l'enfant à l'adulte, Éd. Dunod, à paraître en novembre 2016). «C'est d'autant plus dommage qu'avec une prise en charge adéquate, ces adultes pourraient mener une vie normale.» Grâce à leur pugnacité et à celle de confrères, une ébauche de réseau voit le jour dans le sud de la France, avec la mise en place de centres de référence, à Bordeaux, bientôt à Montpellier et à Nice. Christine Gétin, présidente de l'association TDAH-France, remarque «que l'association reçoit plusieurs appels par semaine d'adultes qui ne savent plus vers quel médecin se tourner. Nous avons même des médecins qui nous appellent pour savoir à qui adresser leurs patients!»

Conséquence dramatique: parmi les 5% d'enfants qui souffrent d'un TDAH, une petite partie va bénéficier d'un diagnostic précoce, d'une prise en charge optimale et donc d'une vie adulte normale. Pour les autres, le retentissement est très variable: «Certains sont longtemps traités sans succès pour troubles bipolaires, d'autres pour dépression, ou pour des addictions avec ou sans substances. Certains se retrouveront même en prison du fait de leur impulsivité. Or une étude britannique a montré que lorsque ces adultes étaient traités, ils ne récidivaient pas et leur réinsertion était bien plus facile que ceux mis sous placebo», souligne le Dr Caci.
Une trajectoire de vie plus défavorable que les autres

(...)

Auteur de l'article original: Nathalie Szapiro-Manoukian
Source: Le Figaro.fr
Date de publication (dans la source mentionnée): Samedi, 15. Octobre 2016
Photo: