De nouvelles pistes pour enrayer cette pathologie sont à l'étude. A l'occasion de la journée mondiale contre Parkinson ce jeudi, l'Express détaille les plus prometteuses.
La maladie de Parkinson aurait-elle... une odeur ? Quand son mari, voilà quelques années, s'est mis à sentir le "musc", Joy Milne, une infirmière britannique, n'y a pas prêté attention. Jusqu'au jour où son époux est tombé malade. Devenue membre d'une association de patients, Joy s'est alors rendu compte que les autres parkinsoniens présentaient exactement la même senteur étrange. Parce qu'elle se savait dotée d'un odorat exceptionnel, la sexagénaire n'a pas hésité à solliciter des experts de l'université de Manchester (Royaume-Uni) pour valider ses observations. Et il s'avère qu'elle a eu du nez : en étudiant le sébum des malades, les chercheurs y ont découvert des composés chimiques très spécifiques. "Cela pourrait déboucher sur un test de diagnostic précoce", soulignent-ils dans leur étude.

Un enjeu essentiel. Cette pathologie neurodégénérative, la deuxième plus fréquente en France (200 000 patients, 8 000 nouveaux cas par an), reste en effet diagnostiquée très tardivement. Quand les symptômes apparaissent - lenteur, raideurs et tremblements -, la moitié des neurones producteurs de la dopamine impliquée dans la régulation des mouvements sont déjà détruits. De nombreux scientifiques tentent donc de découvrir des signes permettant de repérer plus tôt la maladie. Les altérations de la parole, par exemple. "En appelant régulièrement au téléphone des malades et des sujets sains, puis en analysant 12 paramètres dans le spectre de leurs voix, nous avons créé un modèle mathématique capable de dire si un individu est atteint ou non", raconte le Pr Jean-Christophe Corvol, de l'Institut du cerveau et de la moelle épinière (ICM). 

Pour aller plus loin, les 25 centres experts français viennent de se doter d'un outil unique au monde : un registre incluant le suivi de tous leurs patients. Symptômes et traitements s'y trouvent consignés, et seront bientôt associés à des données d'imagerie et à des prélèvements biologiques, pour une analyse génétique. De quoi aider la recherche sur les marqueurs de la pathologie à faire des bonds de géant : "Quand des traitements efficaces seront disponibles, nous pourrons ainsi intervenir en amont, pour stopper la maladie le plus tôt possible", souligne le Pr Corvol, qui coordonne cette initiative.

Pour l'instant, en effet, les thérapies existantes parviennent seulement à limiter les symptômes liés au manque de dopamine.  (...)

Auteur de l'article original: Stéphanie Benz
Source: L'Express
Date de publication (dans la source mentionnée): Jeudi, 11. Avril 2019
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