Votre enfant ou votre adolescent refuse de s’alimenter en quantité suffisante ? Vous avez repéré une perte de poids anormale ? Ou une tendance quasi obsessionnelle à faire le décompte du nombre de calories ingérées par repas ? Peut-être s’agit-il d’un état passager. Mais si les régimes drastiques, l’absence d’appétit ou encore les difficultés à avaler des aliments perdurent, alors le diagnostic peut traduire une anorexie précoce.

Les premières descriptions de l’anorexie précoce, survenant pendant l’enfance et l’adolescence, remontent à la fin du 19e siècle. En premier lieu, les principales concernées étaient « les filles caucasiennes nées dans un milieu aisé », explique le Dr Marie-France Le Heuzey, service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à l’hôpital Robert-Debré (Paris). Mais aujourd’hui l’anorexie atteint « toutes les classes sociales, les cultures et ethnies ». Et 19% à 30% de la population diagnostiquée pour une anorexie prépubère sont des garçons, le plus souvent en surpoids ou obèses.

D’où vient cette pathologie ?

Le carcan des régimes a gagné du terrain, dans un premier temps au sein des sociétés occidentales. « La valorisation de la minceur dans nos sociétés ne fait qu’encourager les comportements de restriction qui créent un renforcement et un maintien du comportement ».

Des critères « périnataux, génétiques, épigénétiques ou encore des antécédents familiaux, des traits du tempérament (rigidité, perfectionnisme) » entrent aussi en ligne de compte dans la survenue de l’anorexie mentale dans la population jeune. Et la liste ne s’arrête pas là : « des antécédents d’abus sexuels et la pratique intensive d’un sport » exposent aussi les enfants et adolescents  à la privation alimentaire extrême et prolongée. Au cœur du problème on trouve souvent une « famille pathogène, des conflits parentaux ou le poids d’influences sociétales ». D’autres pistes, biologiques cette fois, sont actuellement à l’étude : le rôle du microbiote et des hormones périphériques comme la ghréline (hormone digestive qui stimule l’appétit).

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Pour en savoir plus :

    L’enfant anorexique, Marie-France Le Heuzey – Odile Jacob, Paris, 2003 ;
    Troubles du comportement alimentaire de l’enfant. Du nourrisson au pré-adolescent, Mouren MC et al. Elsevier Masson, 2011.

*gain de centimètres par année

Auteur de l'article original: Laura Bourgault pour Destination Santé
Source: Pédiatrie pratique n°277, avril 2016
Date de publication (dans la source mentionnée): Lundi, 12. Septembre 2016
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