Les perturbateurs endocriniens sont suspectés d’entraîner des troubles du développement cérébral. Les effets seraient modérés mais semblent se confirmer.

Les générations futures seront-elles moins intelligentes? Si l’exposition aux perturbateurs endocriniens se maintient, voire continue d’augmenter, ce pourrait bien être le cas. Plusieurs substances semblent en effet menacer les cerveaux en développement. En cause, la capacité de certaines molécules à interférer avec le système thyroïdien, indispensable au développement harmonieux du cerveau chez l’embryon.
Il existe peut-être d’autres mécanismes qui restent à identifier. «Nous disposons aujourd’hui de données toxicologiques solides prouvant que certaines substances interfèrent avec l’axe thyroïdien et entraînent des troubles cognitifs et du comportement chez l’animal. Chez l’homme, les études de cohortes tendent à confirmer cet effet pour certaines substances avec une augmentation des risques de perte de points de QI, d’autisme ou encore d’hyperactivité», clarifient Rémy Slama, épidémiologiste à l’Inserm.
Des résultats qui interpellent

Les substances en cause sont les PCB, aujourd’hui interdits mais très persistants dans l’environnement, certains composés polybromés, les PBDE (retardateurs de flammes), des organophosphorés (pesticides), le bisphénol A ou encore certains phtalates. Or, les femmes enceintes et les jeunes enfants sont exposés en permanence à ces substances, omniprésentes dans l’environnement. Seule l’exposition au bisphénol A a pu diminuer depuis son interdiction dans les contenants alimentaires en France.
Pour essayer d’y voir plus clair, des chercheurs suivent des groupes de population afin d’évaluer les liens entre les niveaux d’exposition et ces risques, comme avec la cohorte Pélagie (Perturbateurs endocriniens: étude longitudinale sur les anomalies de la grossesse, l’infertilité et l’enfance). Cécile Chevrier, également épidémiologiste à l’Inserm, et d’autres chercheurs suivent ainsi, depuis 2002, 3 500 femmes initialement enceintes et les enfants issus de ces grossesses.
Risque de perdre des points de QI?

«Nous avons constaté un lien entre l’exposition in utero à des solvants organiques et l’augmentation du risque d’hyperactivité, voire d’agressivité, à l’âge de 2 ans, ou encore du risque de perte de QI à 6 ans. Nous observons également un lien entre une exposition aux PBDE pendant l’enfance et la perte de QI à 6 ans. Les résultats ne sont pas alarmants mais interpellent sur l’impact de certaines substances. La baisse des performances est d’environ 5 % si l’on compare le tiers des enfants les plus exposés aux PBDE à l’autre tiers des enfants les moins exposés. (...)

Auteur de l'article original: Aude Rambaud
Source: Le Figaro
Date de publication (dans la source mentionnée): Samedi, 7. Octobre 2017
Photo: