Le bisphénol A et le triclosan sont aujourd’hui bien connus pour être des perturbateurs endocriniens. Mais la liste de leurs effets ne cesse de s’allonger. Dernière étude en date, celle menée par l’Inserm montrant qu’une exposition pendant la grossesse à certains phénols et phtalates est associée à des troubles du comportement des garçons entre 3 et 5 ans.

Des études toxicologiques in vitro et chez l’animal ont déjà mis en évidence que le bisphénol A (interdit dans tous les contenants alimentaires en France en 2015), le triclosan (agent antibactérien retrouvé dans certains dentifrices et savons) et le DBP (un plastifiant) étaient des perturbateurs endocriniens. Tous interagissent ainsi avec des systèmes hormonaux impliqués dans le développement du système nerveux central.

Des chercheurs de l’Inserm ont cherché à savoir si une exposition en cours de grossesse pouvait avoir des répercutions sur le comportement de l’enfant à naître. Pour ce travail, ils se sont appuyés sur la cohorte mère-enfant EDEN. Les femmes enceintes ont été recrutées entre 2003 et 2006 dans les CHU de Nancy et de Poitiers. Après des tests urinaires, il s’est avéré que la quasi-totalité d’entre elles étaient exposées à ces différentes substances.

Des troubles à 3 et 5 ans

Par la suite, aux troisième et cinquième anniversaires de l’enfant, ces mamans ont rempli un questionnaire standardisé évaluant certains aspects du comportement de leur enfant comme l’hyperactivité, les troubles émotionnels et les troubles relationnels.

Résultats : l’exposition au bisphénol A était associée à une augmentation des troubles relationnels à 3 ans et des comportements de type hyperactif à 5 ans. Le métabolite du DBP était lui associé à davantage de troubles émotionnels et relationnels, incluant les comportements de repli à 3 ans. Les résultats de cette étude ont aussi montré une association entre le triclosan et une augmentation des troubles émotionnels à 3 et 5 ans. Pour cette dernière observation, les auteurs expliquent que « le triclosan est capable d’interagir avec l’axe thyroïdien qui, pendant la grossesse, est impliqué dans le développement du cerveau du fœtus ».

Prochaine étape pour les scientifiques, se tourner vers une autre cohorte, la cohorte mère-enfant SEPAGES en cours dans la région Grenobloise. Leur objectif : étudier l’effet éventuel de ces substances chez les petites filles, qui n’avaient pu être considérées ici. Il est possible que leur sensibilité aux perturbateurs endocriniens diffère de celle des garçons.

Auteur de l'article original: Vincent Roche pour Destination Santé
Source: INSERM, 29 septembre 2017
Date de publication (dans la source mentionnée): Dimanche, 1. Octobre 2017
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