La consommation d’alcool serait le principal facteur de risque de démence en général, dont Alzheimer, et plus encore, de démences avant 65 ans.

Plus de la moitié des démences précoces (avant 65 ans) sont associées à une consommation excessive d’alcool. Et il y a trois fois plus d’alcooliques parmi les personnes touchées par toutes les formes de ces maladies, dont la plus connue est celle d’Alzheimer, que dans la population générale, selon une étude publiée mardi 20 février par le Lancet Public Health.

Les chercheurs de l’Inserm et de la société d’analyse statistique Then (Translational health economics network), à l’origine de cette étude, se sont appuyés sur les données des hôpitaux français récoltées entre 2008 et 2013 (à partir du Programme de médicalisation des systèmes d’information des hôpitaux français).

Sur les 57.000 cas de démences précoces observés, 57% sont liés d’une façon ou d’une autre à une consommation excessive d’alcool. Ces cas sont soit directement attribuables à des dommages cérébraux liés à l’alcool, soit accompagnés d’une consommation excessive.

Dommages permanents au cerveau
Par ailleurs, il y a trois fois plus d’alcooliques chez les personnes atteintes de démence (cette fois précoce comme non précoce) que dans la population générale. Ainsi, parmi tous les adultes hospitalisés entre 2008 et 2013 en France, 6,5% des hommes et 1,5% des femmes consomment trop d’alcool (plus de six verres pour les hommes et plus de 4 verres pour les femmes). Si l’on prend uniquement les personnes avec démence dans cette même base de données, 17% des hommes sont alcooliques contre 4% des femmes.

«Après avoir pris en compte d’autres facteurs, les chercheurs estiment qu’il s’agit d’un facteur de risque de démence, pouvant être considéré comme le plus important devant le tabagisme ou l’hypertension artérielle», note d’ailleurs l’Inserm dans un communiqué.

«Le lien entre la démence et l’alcool nécessite des recherches supplémentaires mais résulte probablement du fait que l’alcool cause des dommages permanents au cerveau», explique l’un des auteurs de l’étude, le docteur Michaël Schwarzinger, chercheur au Then et chercheur affilié à l’Inserm.

Un effet neurotoxique
Dans l’étude, les chercheurs tentent d’expliquer cette relation entre alcoolisme et endommagement du cerveau entraînant des démences. Première hypothèse: l’éthanol a «un effet neurotoxique direct, menant à des lésions cérébrales permanentes à la fois structurelles et fonctionnelles.» (...)

Auteur de l'article original: Aurélie Franc
Source: Le Figaro.fr
Date de publication (dans la source mentionnée): Vendredi, 23. Février 2018
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