Les maladies dermatologiques comme l’eczéma peuvent perturber la scolarité et entraver le quotidien des familles, tant à cause de l’image qu’elles renvoient que des soins qu’elles requièrent.

Stigmatisés, les enfants souffrants d’une maladie de peau ont souvent une scolarité perturbée. Pourtant, ces affections sont loin d’être rares: d’après une récente étude menée par la Société française de dermatologie (SFD), un jeune sur cinq souffrirait d’eczéma (ou dermatite) atopique, une maladie se traduisant par une sécheresse cutanée à l’origine d’éruptions. Dans le cadre du programme Objectif Peau - la plus grande étude épidémiologique nationale jamais menée en dermatologie —, la SFD a recueilli les témoignages de parents de 5000 à 7000 jeunes Français afin de mieux cerner les impacts de ces maladies sur le quotidien des moins de 15 ans et de leur famille.

«Absences à répétition pour raison médicale, troubles de l’attention et du sommeil liés aux démangeaisons, stigmatisation et harcèlements par les camarades...On n’imagine pas tout ce que les problèmes de peau peuvent générer», témoigne le Pr Laurent Misery, directeur du groupe psycho-dermatologie de la Société française de dermatologie.

Parmi les enfants touchés, la moitié pense qu’avoir un problème de peau complique les relations sociales et un sur cinq estime qu’il est plus difficile de se faire des amis. «Ces maladies peuvent affecter la personnalité de l’enfant, car le sentiment d’insécurité qu’elles suscitent favorise le repli sur soi», souligne le médecin. Entre l’exclusion sociale et les troubles de concentration générés, ces maladies dermatologiques peuvent donc être au cœur de difficultés scolaires.

Les problèmes ne s’arrêtent pas là. Parfois, c’est le quotidien de toute la famille qui s’en trouve affecté. D’après l’étude, plus de trois parents sur cinq doivent réorganiser leur journée de travail et poser des RTT pour prodiguer à leurs enfants les soins nécessaires. «Dans une dermatite, explique le Pr Misery, l’usage quotidien de crèmes est primordial pour éviter la surinfection, pour apaiser les démangeaisons et faciliter la cicatrisation». Pourtant, bien souvent, ces traitements sont perçus par la société comme un confort et sont par conséquent mal remboursés, souligne la SFD, qui évoque les inégalités sociales dans l’accès à ces soins.

Ces troubles de la peau courants chez les moins de quinze ans, concernent également les adultes. En France, un individu sur trois en souffre. «Il est important de banaliser ces maladies qui peuvent affecter tout le monde, affirme le Pr Misery. Elles ne sont pas contagieuses, il ne faut donc ni les fuir ni les craindre et tout faire pour faciliter le quotidien des malades». (...)

Auteur de l'article original: Coraline Madec
Source: Le Figaro.fr
Date de publication (dans la source mentionnée): Samedi, 31. Mars 2018
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