La chaîne vidéo Psylab, créée par des psychiatres français, utilise les séries TV pour aborder les questions de santé mentale auprès des soignants et du grand public. Elle cartonne sur YouTube.

Les psychiatres sont fous de séries TV. Pour preuve, ils étaient nombreux à être venus écouter au 16e congrès L'encéphale (Paris, 24 au 26 janvier 2018) la session proposée par les fondateurs de la chaine Youtube Psylab, la seule à parler de santé mentale. Sur l'estrade, les docteurs Christophe Debien, ancien chef des "urgences-psy" du Centre Hospitalier régional universitaire de Lille (Nord) et son collègue Geoffrey Marcaggi, tous deux psychiatres... et cinéphiles.

Démystifier la santé mentale
Depuis trois ans, leur chaîne gratuite (aujourd'hui 100 000 abonnés) poste une fois par mois des vidéos traitant de santé mentale avec pédagogie, humour et décontraction. Des extraits de séries y sont décortiqués avec un message est clair : démystifier la santé mentale. Un outil qui se veut à la fois une aide à la formation pour les spécialistes mais aussi un relais d'information pour le grand public sur des sujets souvent délicats (suicide, troubles bipolaires, dépression… ) Le tout sans stigmatisation, en déconstruisant les stéréotypes et sans jamais oublier la pédagogie ni l'autodérision. Le succès est au rendez-vous puisque certains épisodes "cartonnent" avec plus de 100 000 vues.

En effet, pourquoi ne pas avoir recours aux personnages torturés de Tony Soprano (de la série Les Soprano) ou  Adrian Monk (de la série Monk) pour évoquer les troubles obsessionnels compulsifs (TOC) ? Idem pour le stress post traumatique du vétéran Terry Bellefleur de True blood, celui de Morgan Jones dans the Walkingdead ou encore de Thomas Shelby dans Peaky Blinders Des séries comme Hannibal, Dexter et Sherlock sont elles idéales pour traiter de sociopathie quand Mr Robot, Perception ou Legion renseignent sur la schizophrénie. "Aux Etats Unis, dans le New Jersey, un psychiatre, Anthony Tobia, a quant à lui recours à des épisodes de la série Seinfeld pour familiariser ses étudiants avec divers troubles psychologiques ", précise Christophe Debien

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En attendant un mouvement de plus grande ampleur en France, les deux psychiatres encouragent tous leurs confrères à aller plus souvent au cinéma, à visionner les séries et à développer les activités de projection type "ciné-psy" qui peuvent se pratiquer en groupe, par exemple dans le cadre d'un centre médico psychologique. Attention cependant : pour le grand public, certains thèmes abordés nécessitent une vision accompagnée, tiennent à rappeler les deux psychiatres cinéphiles. Exemple avec la série 13 reasons why sur le suicide adolescent. (...)

 

Auteur de l'article original: Sylvie Riou-Milliot
Source: Sciences et Avenir
Date de publication (dans la source mentionnée): Dimanche, 28. Janvier 2018
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