Réflexions de la FOF à propos de la réforme des études et proposition d'action
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Diplôme d’Etat en orthophonie ? Mobilisons nous pour une formation
initiale de qualité !
Depuis deux ans, nous sommes soumis à la douche écossaise :
En 2002, l’entrée en LMD est considérée comme une urgence alors que les
contours et les modalités ne sont pas encore au point. Deux Universités
déposent des projets de Master en 2003; les deux sont rejetés en 2004
par les experts de l'Education Nationale et sont qualifiés comme étant
non conformes à l'esprit du Master.
La suggestion du Ministère de la Santé est alors de faire une licence
professionnalisante et un Master qui serait une spécialisation pour
certains. La profession rejette massivement cette hypothèse d’une
formation à deux vitesses, la FOF s’y oppose vivement.
Beaucoup de bruits, de rumeurs circulent et alimentent des inquiétudes
légitimes. La FOF s'est attachée à chercher auprès des instances
ministérielles les précisions et éclaircissements concernant ce passage
en LMD. Compte tenu de la logique du LMD, et pour créer les meilleures
conditions possibles pour obtenir un Master qui représente une réelle
avancée du contenu spécifique de nos études, il nous a semblé
nécessaire, auparavant, d’œuvrer pour une revalorisation profonde de nos
études dans leur cadre actuel.
Le Ministère de l’Education Nationale convient en 2005 qu’une licence en
orthophonie n’est pas conciliable avec la logique du LMD : une seule
année serait spécifique à la profession. C’est lalevée d’une crainte
pour les orthophonistes.
En 2005, un seul des projets soumis à l’habilitation est retenu par le
Ministère : une première année de Licence intitulée "Rééducation de la
Parole", et non d’orthophonie, à Lyon.
Les projets de Masters en orthophonie qui doivent être présentés par
certaines universités en octobre ne proposent pas tous, selon nos
informations, une augmentation du volume spécifique de nos études.
Octobre 2005, le Ministère de la Santé annonce l’application des accords
de Bologne (LMD) aux formations paramédicales. Dans cette perspective,
il convoque des groupes de travail pour le 16 novembre, afin de définir
le cursus de formation de la filière professionnalisante du Diplôme
d’Etat. Sont invités orthophonistes et orthoptistes, seules professions
paramédicales dont la formation est adossée à une faculté de médecine et
sans Diplôme d’Etat.
Le Ministère de la Santé a fait le choix de « professionnaliser notre
formation » en lui proposant le même cadre que les autres professions
paramédicales : le Diplôme d’Etat. Cela lui donne la maîtrise du contenu
des études et il devient le garant de la formation, car seul ce diplôme
donnera l’autorisation d’exercer. En conséquence de quoi le Diplôme
garde une valeur nationale.
Parallèlement, comme l’entrée dans le LMD est un droit,des formations
universitaires seraient mises en place, en fonction des propositions
diverses des universités, avec des modules pour l’essentiel communs avec
la formation professionnelle. Elles suivraient le schéma LMD.
Ces filières universitaires permettraient un accès à la recherche, mais
pas d’autorisation d’exercer. Elles ne s’intituleraient pas «
d’orthophonie ».Les étudiants qui auraient suivi le cursus du diplôme
d’état n’auraient qu’à valider les modules spécifiques à la filière
universitaire pour obtenir le grade et entrer dans la recherche.
L’architecture des systèmes de formation d’enseignement supérieur (LMD)
a un corollaire important : l’autonomie de chaque universitépour les
diplômes qu’elle propose et qui auront de fait un contenu différent.
C’est pourquoi le Ministère de la Santé ne peut pas reconnaître une
licence ou un master et jouer son rôle de garant la valeur nationale
de ces diplômes .
Si notre formation initiale devenait uniquement universitaire, dans le
cadre du LMD, et ne dépendait que du Ministère de l’Education, nous ne
serions plus profession de Santé et sortirions du code de la Santé
auquel sont liés le remboursement de nos actes, la garantie de notre
exercice et de notre diplôme. C’est le cas par exemple de laformation
des psychologues.
Comme l’entrée dans le LMD n’est pas obligatoire, il est possible de
rester dans le statu-quo actuel, mais les perspectives d’évolution sont
bloquées. Le Ministère de la Santé exerce une très forte pression pour
avoir le contrôle de toutes les professions de santé.
Le Ministère nous impose des marges de manœuvre très étroites !
C’est le contenu de ce nouveau Diplôme d’Etat qui doit donc être discuté
dans le groupe de travail mis en place par le Ministère de la Santé. Un
représentant du Ministère de l’Education Nationales sera présent pour la
filière universitaire .
Quelles seraient les conséquences de ce changement ?
ÞLes actuelles équivalences universitaires (entrée en licence de
psychologie, sciences du langage et de l’éducation) pourraient être
remises en cause si le contenu de la formation est réduite sur certains
aspects..
ÞLes centres de formation pourront rester dans leur cadre actuel, dans
les facultés de Médecine, avec le financement de l’Université, mais
celle-ci deviendra « l’opérateur du cahier des charges »(du programme)
défini pas le Ministère de la Santé. Il n’y aura pas de changement de
statut pour les étudiants.
ÞToutes les universités ne proposeront pas de filières parallèles, cela
dépend du projet de chacune, ce qui posera des problèmes aux étudiants
qui souhaiteraient poursuivre les deux cursus en même temps.
ÞOn peut s’interroger sur les rapports qui s’instaureront entre les
orthophonistes et les nouveaux professionnels formés uniquement sur le
plan universitaire. Il y a un risque de cantonner les orthophonistes
dans un rôle d’exécutants.
ÞLe danger le plus important réside dans les modifications ducontenu
de nos études. La position du Ministère de la Santé est decentrer le
Diplôme d’Etat sur les connaissances incontournables pour l’exercice
professionnel, l’université se chargeant des aspects d’ordre théorique
plus général.
C’est dans cette dichotomie que réside le danger principal :que notre
formation professionnelle soit réduite à ses aspects les plus
fonctionnels, d’exécution, alors que la dimension de réflexion, l’apport
théorique nécessaire à mettre en perspective le langage etla fonction
de soin soient réservés à la formation universitaire, non-obligatoire
pour exercer.
Si nous étions contraints à nous situer dans ce cadre du diplôme d’Etat,
il est essentiel que l'orthophonie soit reconnue comme une profession à
part entière, une profession de soin qui ne soit pas réduite à
l'exécution d'un certain nombre d'actes que d'autres auraient défini à
notre place.
ÞIl est essentiel que des praticiens puissent accéder à larecherche
pour apporter la dimension clinique et professionnelle dans une
complémentarité avec les chercheurs formés uniquement àl’université,
grâce à un haut niveau d’équivalences universitaires pour les
orthophonistes.
Une réforme, pour être un atout pour les orthophonistes doit représenter
une amélioration de la formation initiale spécifique. La prise en charge
des troubles du langage et de la communication nécessite
l’approfondissement de savoirs et de compétences qui font de
l’orthophonie une profession paramédicale oeuvrant dans un domaine
complexe.
La FOF demande, entre autres, l'inscription dans le décret qui fixe les
contenus de la formation :
- du développement de séminaires, cours et rencontres autour dethèmes
tels que :Qu'est ce que soigner? Analyse de la demande des patients -
Place de la souffrance qui accompagne ou est sous jacente au trouble
langagier;attention à porter à cette souffrance. - Eléments à prendre en
compte lors de l'arrêt de la prise en charge.
-des diverses disciplines contribuant à la compréhension de l’émergence
et des pathologies du langage.
-d’un éclairage sur les principaux courants de la linguistique, de la
psychologie et de la psychanalyse, ainsi que sur les diverses approches
professionnelles.
Plus généralement, les études initiales doivent tenir compte de
l’évolution de notre décret de compétence et du champ des connaissances.
Le cadre du diplôme d’Etat en lui-même ne contraint pasà une limitation
du volume horaire. La limite , c’est la conception utilitariste et
minimaliste du Ministère de la Santé, qui deviendrait notre seul
interlocuteur dans ces négociations. C’est donc sur le contenu et le
volume horaire que doivent porter tous nos efforts. Le Ministère estle
garant de la qualité des formations qu’il organise, à nous de le lui
rappeler.
Une journée de mobilisation des orthophonistes est organisée par la FNO
le 15 novembre, avant la première réunion du groupe de travail.La FOF
vous propose d’y faire entendre notre point de vue pour une Formation
Initiale de qualité :
-Non à une dévalorisation de nos études, à une visionutilitariste de
notre formation, la formation continue ne doit pas suppléer aux carences
de la Formation Initiale !
-Oui à une revalorisation substantielle de notre Formation Initiale tant
en volume horaire que dans ses contenus spécifiques !
-Pour conserver nos deux ministères de tutelle.
-Pour des équivalences de haut niveau de notre formation permettant
l’accès à la recherche.
-Pour le maintien de la valeur nationale de notre diplôme et de notre
statut de profession de santé.
Nous vous proposons d’envoyer cette lettre à :
M. Xavier Bertrand, Ministre de la Santé et des Solidarités,14
avenue Duquesne 75007 Paris
N’oubliez pas de signer et d’apposer votre tampon pour l’authentifier
PS : La reproduction et la diffusion de cette lettre sont tout à fait
autorisées et recommandées.
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FEDERATION DES ORTHOPHONISTES DE FRANCE
206 rue Caponière BP 6157 -14065 Caen Cedex 4
Tel 02 31 86 27 33
courriel : F.O.F@wanadoo.fr site : www.fof.asso.fr
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Monsieur le Ministre
Nous apprenons avec beaucoup d’inquiétude votre décision de faire entrer
la formation des orthophonistes dans un diplôme d’Etat.
Nous voulons vous affirmer avec force notre attachement à une formation
d’un haut niveau théorique et pratique, seule adaptée à notre profession
qui œuvre dans le domaine complexe du langage.
Nous ne sommes pas prêts à accepter, qu’à l’occasion de cette
modification, une vision étroitement utilitariste et fonctionnelle de
nos études réduisent l’orthophonie à une fonctiond’exécutants, de
techniciens.
Nous souhaitons un débouché vers la recherche par un niveau
d’équivalence élevé avec les filières universitaires.
Veuillez croire, Monsieur le Ministre, à toute ma considération,
Date lieu d’exercice
Nom, prénom Signature
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