Il faut aider les personnes âgées à aménager correctement leur appartement et leur proposer un système capable de prévenir les secours si elles sont tombées.

Quelques chiffres résument bien le problème : un tiers des personnes de 65 ans et plus reconnaissent qu'elles sont tombées à leur domicile dans l'année. Et une personne de plus de 80 ans sur deux a fait une chute entraînant des complications parfois sévères. C'est pour tenter d'évaluer les moyens pour non seulement prévenir ce type d'accidents mais aussi réduire leurs conséquences - notamment en les détectant rapidement - que le professeur Anne-Sophie Rigaud, chef du service de gérontologie clinique à l'hôpital Broca, organise ce mercredi une conférence médicale à la faculté de médecine Paris-Cochin. "La prévention des chutes reste l'un des grands enjeux médico-économiques de notre société", note la spécialiste. Elle souligne qu'une personne qui est déjà tombée une fois risque vingt fois plus qu'une autre de chuter de nouveau.

La plupart des personnes âgées souhaitent rester chez elles le plus longtemps possible. Sans rien changer à leur intérieur. Et c'est bien là l'un des problèmes. "La recherche de la préservation de matériels ou d'objets reflétant un parcours de vie devient prioritaire sur un aménagement pratique du domicile qui pourrait faciliter la mobilité ou garantir la sécurité", regrette le docteur Rajaa Chahbi, directrice de l'institut de recherche 02. L'habitat devient alors un "ego musée" figé. Toutes les interventions destinées à aider ses habitants (barres d'appui, siège de douche...) sont mal vécues. Même les proches ont du mal à se faire entendre (qui n'a jamais tenté, en vain, de faire retirer un tapis dans lequel il est si facile de se prendre les pieds !)

Réduire le temps passé au sol

Il faut ajouter que nul n'est à l'abri d'une chute, même dans un environnement "sécurisé". Fort heureusement, les personnes arrivent souvent à se relever et à appeler à l'aide si nécessaire (en criant ou au moyen d'un des nombreux systèmes d'alerte existants). Mais ce n'est pas toujours le cas. Or, selon le docteur Frédéric Bloch (hôpital Broca), "une immobilisation au sol prolongée de plus d'une heure peut avoir de nombreuses répercussions : douleur, déshydratation, hypothermie, rhabdomyolyse [destruction de tissu, NDLR] liée à l'écrasement musculaire et pouvant entraîner une insuffisance rénale, l'ensemble de ces causes étant susceptibles de compromettre la survie". Une étude montre que les individus ayant passé plus d'une heure au sol ont un risque de mortalité multiplié par deux à six mois, même en l'absence de traumatisme. (...)

 

Auteur de l'article original: Anne Jeanblanc
Source: Le Point
Date de publication (dans la source mentionnée): Lundi, 10. Novembre 2014
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