De Mélenchon à Macron, toute la gauche française porte la même idée en santé, les soins gratuits pour tous.

De Mélenchon à Macron, toute la gauche française porte la même idée en santé, les soins gratuits pour tous. Cette "grande avancée sociale" vient d'être décrite dans une tribune par deux éminents socialistes, experts en santé, qui parlent d'une "sécurité sociale intégrale". Comment n'y a-t-on pas pensé avant, depuis 70 ans, tant cette idée est simple et généreuse?

Comment a-t-on pu oser créer un système de soins sans la gratuité en France

Que dire de ces Pères fondateurs de la sécurité sociale qui se sont crus permis d'instaurer un mécanisme de solidarité qui ne repose pas sur toute la dépense de soins, assumant le principe d'un reste à charge personnel dès l'origine de l'assurance maladie. Ils nous ont conçu une solidarité mise en pratique par une accessibilité financière à des prestations en nature, sans faire le choix d'un système gratuit. A peine croyable!

Que dire d'une organisation des soins basée sur la délégation de service public au secteur privé. Comment a-t-on pu avoir la folie de confier à des professionnels de santé libéraux et à des cliniques une responsabilité de service public. Nos experts ont déjà eu l'occasion d'exposer leur vision d'un service public national de santé restreint au secteur public en ville et à l'hôpital. La Ministre Touraine a accompli une partie du chemin en excluant les cliniques privées du service public hospitalier et en mettant l'exercice libéral en ville sous la tutelle de l'État. Montebourg souhaite la création de "dispensaires publics" pour les soins de ville, enfin une vraie mesure de progrès social. On respire mieux!

Que dire d'une gouvernance des soins de ville confiée à un système conventionnel entre l'Union Nationale des Caisses d'assurance maladie et les représentants des professionnels libéraux, sans que l'État soit le principal décideur. Il n'y a qu'à observer l'épanouissement du personnel et la gestion des hôpitaux publics pour se persuader de l'erreur de ne pas avoir étatisé cette gouvernance. Heureusement que cette erreur historique est en cours de rectification depuis vingt ans, ce qui fait que l'épanouissement des fonctionnaires hospitaliers s'est propagé aux professionnels libéraux à qui on a supprimé presque toute liberté d'organisation et d'actions.

Que dire des grands principes qui régissent (de moins en moins) notre système de santé: la liberté de choix des patients de leur professionnel de santé, l'indépendance professionnelle des soignants, la délégation de service public au secteur privé, la démocratie sociale pour la gouvernance opérationnelle, la non gratuité des soins. Supprimons tous ces délires et laissons l'État enfin décider et gérer tout le système. Que de temps perdu depuis 1945! ...

Auteur de l'article original: Blog Frédéric Bizard -
Source: Le Huffington Post
Date de publication (dans la source mentionnée): Dimanche, 22. Janvier 2017
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