Plus d’un tiers des enfants se voient prescrire par leur médecin généraliste au moins un médicament en dehors des recommandations officielles d’utilisation. Inquiétant ? Pour les chercheurs de l’INSERM, « ce phénomène ne semble pas accroître le risque d’effet indésirable. »

Selon les résultats d’une étude conduite par l’INSERM dans le Sud de la France, « les prescriptions hors AMM, c’est-à-dire en dehors des normes d’utilisation fixées par les autorités de santé, sont nombreuses en pédiatrie. » Les chercheurs ont en effet constaté que 37,6% des enfants de moins de 16 ans ont été exposés à au moins une prescription hors AMM en 2011.

Le travail a été mené avec l’aide de 38 médecins généralistes. Chacun a rapporté toutes ses consultations d’enfants âgés de 0 à 16 ans de mars à juillet 2011. Au total, 2 313 enfants ont été vus et, parmi eux, 1 960 ont reçu au moins un médicament. Et donc dans près de 38% des cas, la prescription était hors AMM.

Dans le cas d’espèces, que signifie « hors AMM » ? La plupart correspondait à une indication autre que celle fixée pour le médicament (56%), à des dosages inférieurs (26%) ou plus importants (20%) à ceux recommandés. Quant aux médicaments prescrits, il s’agissait le plus souvent de décongestionnants nasaux, d’antihistaminiques anti-H1 et de corticoïdes.

Aucun risque ? 

« Loin d’être des erreurs systématiques, les prescriptions hors AMM en pédiatrie s’imposent  souvent en raison de l’absence de médicament adapté au profil du jeune patient » analysent les chercheurs. « Plusieurs molécules utilisées de façon courante chez l’adulte ne bénéficient pas, en effet, d’indication pédiatrique. Cela s’explique par les difficultés associées à la réalisation d’essais cliniques chez les enfants. » Mais en ce qui concerne la santé à proprement parler de nos chères têtes blondes, « il n’y a pas de risque d’effets indésirables ».

« Il est vrai que pour certaines pathologies fréquentes, comme les infections ORL ou encore les allergies, les ressources thérapeutiques pédiatriques ne sont pas à la hauteur », explique Maryse Lapeyre-Mestre, coauteur de ces travaux. Pour autant, « il ne faut pas oublier qu’il existe de nombreuses situations dans lesquelles le médicament peut être remplacé par d’autres approches thérapeutiques : kinésithérapie respiratoire en cas d’obstruction bronchique chez le nourrisson, absence de prescription d’antibiotique en cas d’infection virale ou encore utilisation de solutés de réhydratation en cas de diarrhées ».

Auteur de l'article original: Vincent Roche
Source: INSERM, 16 janvier 2015 - Par Destination Santé
Date de publication (dans la source mentionnée): Vendredi, 23. Janvier 2015
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