Après un rhume, un traumatisme crânien ou une rhinite, il arrive que des personnes perçoivent des odeurs que leurs voisins ne sentent pas.

Se retrouver dans la cuisine à être le seul à sentir une odeur de brûlé, marcher dans la rue et être chatouillé par une odeur insupportable alors qu’il n’y a rien sous ses chaussures… Pour certains, le monde des senteurs est sens dessus dessous. Des effluves fantômes les narguent, tandis que d’autres ont complètement disparu ou ont été remplacées par des parfums peu ragoûtants. Des troubles qui peuvent être causés par un simple rhume ou au contraire une maladie grave comme une tumeur au cerveau.

Trois troubles olfactifs se caractérisent par la perception d’une odeur que personne d’autre ne sent. La cacosmie est le plus fréquent d’entre eux. «Le patient sent des mauvaises odeurs qui proviennent de l’intérieur de son corps. Seules les personnes ayant des rapports intimes avec lui pourront être en mesure de les percevoir», explique le Pr Pierre Bonfils, chef du service ORL et chirurgie cervico-faciale de l’hôpital Européen Georges Pompidou (HEGP).

Sinusites malodorantes
Ce trouble pénible est généralement lié à des sinusites chroniques d’origine dentaire. Des germes s’infiltrent dans une dent cassée ou mal soignée, et provoquent une infection. L’odeur perçue est en fait dégagée par ces bactéries. Autre cause: la sinusite aspergillaire due à la présence d’un champignon logé dans les cavités nasales. Grâce à un traitement adapté, ces maladies rhinosinusiennes disparaissent rapidement et l’odorat revient.

Il peut également arriver que des patients victimes d’un traumatisme crânien ou d’un rhume banal ne soient plus en mesure de sentir certaines odeurs. Ces parfums disparus ont été remplacés par une odeur de brûlé, ou - plus désagréable - d’excréments. Cette distorsion, appelée parosmie, est provoquée par une atteinte des fibres nerveuses qui relient l’organe de l’odorat situé dans le nez chargé de capter les molécules odorantes et le bulbe olfactif dans le cerveau responsable de l’identification des odeurs. Pour qu’une odeur soit perçue, les molécules odorantes doivent stimuler plusieurs neurones olfactifs bien spécifiques. Par exemple, notre cerveau perçoit la rose seulement si les molécules odorantes de la fleur se fixent aux neurones capables d’envoyer la bonne information au cerveau. Si ces neurones sont sectionnés par un traumatisme ou altéré par un virus, le cerveau ne sait plus reconnaître la rose. Il ne sent que du brûlé ou une odeur putride. Une rééducation olfactive efficace

Si ce trouble peut paraître inquiétant, il est en fait une bonne nouvelle. «Il signifie que l’organe de l’odorat se régénère et essaie de se reconnecter au cortex olfactif», indique le Pr Bonfils. (...)

Auteur de l'article original: Anne-Laure Lebrun
Source: Le Figaro.fr
Date de publication (dans la source mentionnée): Samedi, 15. Septembre 2018
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