Alcool, tabac et drogues illicites… par leur pouvoir psychostimulant, toutes ces substances sont capables de rendre nos cerveaux dépendants. Mais comment l’expliquer ? Selon des chercheurs de l’Inserm, l’addiction pourrait être liée à une production déficiente de nouveaux neurones.

L’addiction aux drogues s’expliquerait-elle par une inaptitude du cerveau à produire de nouveaux neurones ? Pour répondre à cette question, des chercheurs de l’Inserm* se sont penchés sur la neurogenèse. Mécanisme correspondant à la formation de nouveaux neurones dans le gyrus dentelé, une zone située dans l’hippocampe, le siège de la mémoire.

Point de départ de leur réflexion : une neurogenèse anormale est connue pour augmenter le risque de « désordres neuropsychiatriques comme des troubles de la mémoire ou de l’humeur ». Deux atteintes souvent associées à la consommation excessive et incontrôlée de produits addictifs.

Des souris sous cocaïne

L’équipe du Pr Nora Abrous et de Pier-Vicenzo Piazza a formé deux groupes de souris. Dans le premier, les rongeurs étaient sains. Dans le second, les animaux étaient « génétiquement modifiés pour que la neurogenèse soit moindre ». Les souris ont ensuite appris à s’auto-administrer de la cocaïne par le museau.

Le degré de dépendance des souris a ensuite augmenté avec le degré de complexité des exercices à accomplir pour avoir accès à la cocaïne. En collant au mécanisme de l’addiction chez l’être humain, les chercheurs ont donc procédé au sevrage des souris. Puis les ont exposées à la tentation quelques semaines plus tard. Résultats, « les souris transgéniques ont montré une plus grande susceptibilité à la rechute en cherchant à nouveau à déclencher l’administration de la drogue ».

Ce lien entre déficit de la neurogenèse et profil addictif a été déjà avancé. Mais jusqu’ici aucune preuve scientifique n’était établie.

Des pistes prometteuses

Ces recherches ouvrent la piste pour une meilleure compréhension de l’addiction notamment chez l’adolescent.  « Une étape de maturation du cerveau importante, caractérisée en particulier par une production de neurones extrêmement intense dans le gyrus dentelé. »

*Neurocentre Magendie (Unité 1251) de l’Université de Bordeaux

 

Auteur de l'article original: Laura Bourgault pour Destination Santé
Source: Inserm, le 7 mars 2018
Date de publication (dans la source mentionnée): Dimanche, 11. Mars 2018
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