INTERVIEW - Simon-Daniel Kipman, psychiatre et psychanalyste, président-fondateur de la Fédération française de psychiatrie, publie L'Oubli et ses vertus (Éd. Albin Michel).

LE FIGARO. - Dans votre dernier livre, vous réhabilitez l'oubli. Mais pour le psychanalyste que vous êtes, guérir ne vient-il pas plutôt du fait de se souvenir?

Simon-Daniel KIPMAN. - Non, parce qu'en matière de vie psychique, disons qu'on ne guérit pas totalement, mais plutôt qu'on se bricole un équilibre qui peut toujours être sujet à des dysfonctionnements. Quant au souvenir, je dirais qu'il n'existe pas: un souvenir, c'est toujours une reconstruction que nous faisons à partir de bribes éparses, de sensations soudain éveillées, des réminiscences comme en a si bien parlé Marcel Proust… Un souvenir, c'est d'abord une histoire qu'on se raconte. Même quand nous, psychanalystes, racontons une histoire de cas, c'est toujours la reconstruction que nous en faisons qui domine.

Selon vous, le fait de se remémorer un événement traumatique n'est pas forcément bénéfique…

Source  :  Le Figaro (extrait)

Date de publication (dans la source mentionnée): Jeudi, 3. Octobre 2013
Photo: