Greffes de visages : une chirurgie menacée ? - Par Destination Santé
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Extrêmement lourde, exceptionnelle par ses indications et l'ampleur des moyens déployés -plusieurs dizaines de professionnels de haut niveau pour une intervention de 30 heures cette semaine au CHU Henri Mondor de Créteil- la greffe de visage est-elle menacée d'extinction avant d'avoir définitivement fait ses preuves ? La question mérite d'être posée.
Présent au Congrès transatlantique de Chirurgie Plastique et reconstructive qui se tenait à Paris, un spécialiste américain évalue « entre 300 000 et 400 000 dollars » le coût d'une greffe de visage « standard ». Si l'on ose ainsi s'exprimer…
Vice-président du congrès, le Pr Daniel Marchac (France) s'est pourtant déclaré ce matin « très préoccupé » que la loi HPST « consacre le fait qu'un fonctionnaire demain, soit le vrai patron de chaque hôpital. Avec une préoccupation qui sera davantage celle de la rentabilité que de la recherche. Va-t-on demain dire à l'équipe du Pr Laurent Lantiéri – dont l'équipe a réalisé la triple greffe d'un visage et de deux mains sur un grand brûlé à Henri Mondor, n.d.l.r. - que c'est trop cher. Ce serait folie que de limiter (cette chirurgie) pour des considérations purement financières ».
Folie en effet… mais une folie peu probable. Dès le 6 avril, Roselyne Bachelot-Narquin disait sa satisfaction et sa fierté –et donc sans aucun doute celles du gouvernement… -devant le nouveau succès remporté par l'équipe de Créteil. Même réaction de l'université dont dépend le CHU Henri Mondor. « Nous avons été félicités comme jamais par la présidence de l'université » explique le Pr Jean-Paul Méningaud, chirurgien maxillo-facial et membre de l'équipe de Laurent Lantiéri. Il y a aussi, de bonnes raisons techniques pour que ces interventions ne se raréfient pas. « Elles permettent de réaliser des progrès considérables dans le domaine des neurosciences et de la microchirurgie ». Et enfin – surtout ?- « les patients comme celui que nous avons opéré cette semaine, font jusqu'à présent l'objet de dizaines d'interventions chirurgicales successives. Une cinquantaine parfois » a-t-il confié.
Aujourd'hui, les Français capitalisent la plus grande expérience dans ce domaine. Il est probable par ailleurs, que cette chirurgie très lourde ait un bel avenir. L'équipe de Créteil croit également que les fonds ne devraient pas lui faire défaut… car hélas les candidats ne manqueraient pas. A titre d'exemple, les guerres étrangères menées par les Etats-Unis –en Irak et en Afghanistan– sont pourvoyeuses de blessures gravissimes et jusque là inconnues de la face. « Nous n'écartons pas la possibilité que des fonds spéciaux soient développés –par les Etats-Unis ou d'autres états souverains– pour reconstruire les soldats victimes de ces blessures nouvelles ».
Source : Congrès transatlantique de Chirurgie Plastique et reconstructive –Congrès de la Société américaine des chirurgiens plasticiens (ASPS) et du Comité international pour l'Assurance Qualité en Technologies médicales appliquées à la Chirurgie plastique (IQAM), avec le soutien de la Confédération internationale de Chirurgie plastique, reconstructive et esthétique (IPRAS), des Sociétés européennes de Chirurgie plastique, reconstructive et esthétique (ESPRAS) et de la Société française de Chirurgie plastique, reconstructive et esthétique, Paris, 4 -7 avril 2009