Les troubles auditifs centraux dans le cadre de la dyslexie développementale

Notre travail de recherche porte sur l’association clinique fréquente des troubles auditifs centraux et de la dyslexie développementale. Ces deux troubles, dont l’étiologie demeure en partie méconnue, entraînent des retards d’apprentissage souvent traités indépendamment alors qu’ils s’avèrent imbriqués. Dans une visée d’amélioration de la prise en charge de l’enfant dyslexique, nous avons cherché à mesurer les effets, chez les dyslexiques, de ces troubles auditifs centraux sur la perception de la parole en situation de bruit. Le LISN-S (Listening In Spatialized Noise – Sentences), test de diagnostic des troubles auditifs centraux dont la version française est en cours de développement, nous a donc permis de mesurer ces effets, chez des enfants et adolescents dyslexiques âgés de 8 à 14 ans. La passation de ce même test par une population normo-lectrice appariée en âge à la population dyslexique nous a permis de relever des divergences, entre ces deux populations, dans les capacités d’intelligibilité vocale en présence de parole concurrente. Le LISN-S consiste à faire répéter par le sujet, soumis à un environnement tri-dimensionnel sous casque, des phrases signalées au préalable par un bip sonore, sans tenir compte des textes distracteurs lus simultanément aux phrases. Phrases et textes distracteurs sont enregistrés selon quatre conditions acoustiques distinctes, faisant varier le locuteur et la localisation du locuteur. Notre objectif initial, qui visait à évaluer la pertinence de la version française du LISN-S dans la recherche de troubles auditifs centraux chez les dyslexiques, semble avoir été en partie atteint. En effet, nous avons pu mettre en évidence, chez les dyslexiques, des capacités de ségrégation de la parole significativement altérées en condition bruitée, notamment au niveau de processus auditifs centraux tels que la localisation de signaux acoustiques ou la distinction entre deux voix différentes.