Dominique Valteau-Couanet dirige le département de cancérologie de l’enfant et de l’adolescent de l’institut Gustave-Roussy à Villejuif (Val-de-Marne), dans lequel sont organisés des ateliers créatifs. Des projets qui les aident à garder confiance en leurs émotions.
L’institut Gustave-Roussy à Villejuif (Val-de-Marne) propose à ses jeunes patients atteints de cancers des ateliers créatifs, comme la sculpture. Pour le docteur Dominique Valteau-Couanet, qui dirige le département de cancérologie de l’enfant et de l’adolescent, ils sont indispensables pour les aider à s’évader de leur quotidien et à reprendre confiance en eux.

Ces ateliers font-ils partie de la thérapie ?

DOMINIQUE VALTEAU-COUANET. Notre rôle n’est pas « seulement » de soigner la maladie, mais d’aider les jeunes patients à se construire malgré elle. Un des problèmes du cancer est l’identité, d’être regardé comme des personnes et pas seulement comme des malades. Ce n’est pas facile quand l’image corporelle est altérée dans des périodes aussi phares que l’enfance et adolescence. Les projets créatifs les aident à garder confiance en leurs émotions, en leur ressenti. Cela leur prouve qu’ils sont compétents, qu’ils sont capables de créer. Cela les valorise. Et pour cause, ils font de belles choses.

Les enfants que nous avons rencontrés parlent peu de leur maladie…

C’est toute la complexité. Ils n’expriment pas forcément leur mal. Souvent, pour ne pas faire de peine à leurs parents, à leurs frères et sœurs, mais aussi à leurs soignants ! Ils veulent protéger ceux qui les entourent. D’où l’importance d’avoir des espaces neutres où ils peuvent s’exprimer par le geste artistique, par l’écriture. Un lieu où ils peuvent s’évader.

Le cancer reste la première cause de mortalité, par maladie, des enfants. Où en est la recherche ?

Aujourd’hui, il y a 80 % d’enfants que l’on considère comme guéris. Les choses avancent pour en soigner encore davantage. Nous développons la recherche sur des immunothérapies efficaces chez les plus petits, car les cancers de l’enfant sont différents de ceux de l’adulte. De nombreuses voies sont creusées et sont porteuses d’espoir. L’autre chose primordiale est ce qu’il y a au-delà de la guérison.

C’est-à-dire ?

75 % des patients ont des séquelles plus ou moins graves. Il s’agit de problème de fertilité, de risque augmenté de maladies cardiovasculaires, d’avoir une deuxième tumeur… Tout cela reste à améliorer et fait partie de notre campagne Guérir le cancer de l’enfant au XXIe siècle. C’est pour cela qu’il est très important de continuer à la soutenir.

Auteur de l'article original: Florence Méréo
Source: Le Parisien
Date de publication (dans la source mentionnée): Vendredi, 15. Février 2019
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