Comment lutter contre les déserts médicaux ? Deux études de la Drees, dévoilées en mai, ne donnent pas de réponses précises, mais des données précieuses.  Certes, on compte en 2018 environ 10.000 médecins de plus qu’en 2012, mais il s’agit surtout de spécialistes.

Dans le même temps, la médecine générale stagne. Or, la pénurie de médecins généralistes est déjà installée : près de 5,7 millions de Français vivaient dans une commune sous-dense en 2016, selon cette étude de la Drees. Et pas seulement dans le fin fond du Doubs. Entre 2007 et 2016, l’Ile-de-France a perdu 18,7 % de ses médecins généralistes libéraux. Autre enquête de la Drees : le nombre d’infirmiers va doubler d’ici 2040. Et ainsi répondre aux besoins grandissants d’une population vieillissante et souffrant de quantité de maladies chroniques. Une hausse de 53 % entre 2014 et 2040 qui s’explique à la fois par l’allongement des carrières, mais également par une importante hausse des quotas, multipliés par deux depuis 2003.

Les pouvoirs publics auraient-ils été plus prévoyants pour les infirmiers que les médecins ? Faut-il multiplier par deux le nombre d’étudiants en médecine dès aujourd’hui ? Emmanuel Macron,  avait promis d’augmenter le numerus clausus. Sa ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a depuis rétropédalé. Augmenter le numerus clausus, nombre d’étudiants admis en seconde année d’études de santé (médecine, dentaire, sage-femme, kiné), mesure indispensable ou inutile ?

Supprimer le numerus clausus ?
« Le numerus clausus actuel est injuste et inefficace, nous formerons davantage de praticiens et adapterons les capacités de formation aux besoins de santé des territoires », avait assuré le candidat Macron.

Dans les faits, le numerus clausus existe toujours et en 2018, il n’augmente que de 81 places (à 8.516) contre 478 en 2017. Pourquoi, alors que le manque de médecins, généralistes comme spécialistes, se fait déjà sentir ?

Certains estiment que jouer sur ce levier serait faire preuve de prévoyance. Notamment Olivier Véran, député LREM, qui demande la fin du numerus clausus.

« Augmenter en partie le numerus clausus pourrait être intéressant, mais c’est agir sur la démographie médicale dans quinze ou vingt ans, prévient Jean-Baptiste Bonnet, président de l’Intersyndicale nationale des internes l’Isni). Ce qu’on paie aujourd’hui, ce n’est pas le numerus clausus actuel, mais celui d’il y a vingt ans. » Entre 1995 et 2012, pour limiter les dépenses, les pouvoirs publics avaient en effet largement baissé ce quota. « Aujourd’hui, il a retrouvé le niveau global des années 1960 », nuance l’endocrinologue.

Pour le président de l’Isni, augmenter en partie le numerus clausus est une piste à étudier, à certaines conditions seulement (...).

Auteur de l'article original: Ohiana Gabriel
Source: 20 Minutes & agences
Date de publication (dans la source mentionnée): Samedi, 8. Septembre 2018
Photo: