Une opération pilote est menée actuellement par plusieurs scientifiques marseillais...

« On se prend au jeu », constate Gilles avec surprise, quelques gouttes de sueur sur le front. « C’est dur, mais on aurait dû commencer plutôt », renchérit Jean-Pierre. « On va rattraper le temps perdu », sourit leur professeur Anthony Abbas, alias Hulk dans le petit monde de la capoeira. Et de lancer à ses nouveaux élèves, tous appliqués à enchaîner les mouvements de cet art brésilien : « Si vous avez besoin d’une petite pause pour prendre un médicament, n’hésitez pas ».

Ces élèves ont en effet un point commun : tous sont atteints de la maladie de Parkinson. Ils sont une petite douzaine à s’être portés volontaires pour participer à une opération pilote impulsée par leur médecin, Olivier Blin. Ce dernier est directeur du pôle de pharmacologie à l’AP-HM, et directeur de Dhune, programme de recherche sur les maladies neurodégénératives associant laboratoires, hôpital et université. Mais il est aussi et surtout depuis quatre ans, capoeiriste à ses heures perdues.

Contre les symptômes de la maladie
« En pratiquant, je me suis rendu compte que la capoeira permet de répondre à de nombreux symptômes de la maladie de Parkinson, explique Olivier Blin. Les gens connaissent la maladie par le tremblement, mais la gêne principale vient de la lenteur et de la rigidité des mouvements. En pratique, le patient a des difficultés à marcher ou à boutonner sa chemise par exemple. »

Et d’ajouter : « Avec la capoeira, il y a à la fois le travail sur l’équilibre et la motricité, le travail sur l’amplitude des mouvements, mais aussi sur la mémorisation et l’apprentissage de différents gestes. » « La capoeira permet d’améliorer l’équilibre et d’aider la fluidité du geste notamment grâce à la musique, alors que certains patients doivent faire face au phénomène de freezing, soit le fait que leurs corps se figent », ajoute Laure Fernandez.

La chercheuse à l’Institut des sciences du mouvement et maître de conférences à l’Université d’Aix-Marseille a fait passer aux patients capoeiristes un test de départ, via un exercice standard, sur ordinateur. L’idée est de déterminer les bienfaits de la capoeira après la pratique de cet atelier hebdomadaire, gratuit pour tous les adhérents de France Parkinson.

En plus de la rééducation
Entre l’apprentissage de la « ginga » et autres « cadeira » propre à cette discipline brésilienne, Hulk donne également quelques conseils de posture utiles à ces personnes dont la pathologie fragilise l’équilibre. « Cette position-là, vous voyez, on peut l’utiliser dans la vie de tous les jours, pour tomber sans se faire mal ».  (...)

Auteur de l'article original: Mathilde Ceilels
Source: 20Minutes Santé
Date de publication (dans la source mentionnée): Vendredi, 16. Février 2018
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