Zahya Ghaddar, orthophoniste libanaise

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Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je suis une orthophoniste libanaise, en exercice au Liban depuis 5 ans, dans les 3 langues parlées dans notre pays (Arabe, Français et Anglais).
Mon temps de travail est partagé entre la rééducation d'enfants à besoins spécifiques dans une école spécialisée "Mosaik" située au sud du Liban, où j' ai aussi mon propre cabinet et Beyrouth la capitale où j'ai aussi un cabinet. J'exerce de plus à domicile, notamment pour prendre en charge des patients adultes.
J'ai déjà été en France à maintes reprises pour faire plusieurs stages dans un centre de rééducation physique a Tours ainsi que pour assister à des formations de prises en charge de patients aphasiques à Nantes, Lyon et Marseille.
Pourquoi avoir choisi le métier d'orthophoniste ? Qu’est-ce qui vous anime dans votre activité ?
Mon choix était de trouver une profession ayant à la fois un aspect ludique ainsi qu'un aspect médical.
Ce qui m'anime le plus dans notre profession c'est la prise en charge de patients adultes ainsi que l'accompagnement de leur entourage, qui aboutissent à une évolution et à un plus grand bien être dans leur quotidien.
Au contraire, quelles difficultés pouvez-vous rencontrer ?
Les difficultés rencontrées au Liban s'inscrivent principalement dans le cadre socio-économique de notre pays. En effet, les séances de rééducation orthophonique ne sont toujours pas couvertes par le sécurité sociale au Liban. De nombreux patients abandonnent la prise en charge par conséquent. Les parents supportent plus souvent ces frais pour leurs enfants, mais il n'en va malheureusement pas de même pour les patients adultes.
De plus, l'orthophonie est encore une très jeune profession au Liban, si elle commence à être de plus en plus connue, cette connaissance ne s'étend pas sur tous les domaines de l'orthophoniste. Ainsi, de nombreux patients adultes atteints d'AVC ne sont pas au courant du ressort de l'orthophonie dans leur traitement. La collaboration avec les médecins s'installe de plus en plus mais parait toujours lente face à l'urgence des cas.
Quelles pathologies traitez-vous, quel type de rééducations ? J'ai l'occasion de traiter différentes pathologies. Il s'agit des retards ou troubles du langage oral (dysphasie ou autres...); des troubles envahissants du développement; des troubles de l'articulation ou de la déglutition dans le cadre d'un traitement orthodontique; des troubles liés aux atteintes des systèmes nerveux central ou périphériques (aphasie, dysphagie, dysarthrie), des troubles causes par une degenerescence des structures cerebrales, la dysphonie, l'education a la voix oesophagienne ou tracheo-oesophagienne.
Les types de rééducations dépendent évidemment de chaque pathologie, de la sévérité de l'atteinte ainsi que de l'état et de l'âge du patient.
Quel est le réseau médical / paramédical au Liban ? Echangez-vous avec d'autres consoeurs sur place ?J'ai la chance de pouvoir très souvent échanger avec mes collègues orthophonistes. Les autres membres de l'équipe qui prend en charge mon patient sont aussi régulièrement consultés, notamment les psychomotriciens, les ergotherapeutes et les psychothérapeutes. L'échange est cependant moins fréquents avec les médecins. Le réseau paramédical et médical se forme principalement par région.
Comment faites-vous pour vous procurer du matériel, vous tenir informée sur l'orthophonie ?
En ce qui concerne le matériel, il est principalement ramené de France, notamment orthomalin (les fiches pratiques :) ) ; orthoedition, mot à mot; ainsi que des boutiques de jeux de société et des applications sur ipad. Pour la prise en charge en Arabe, j' adapte au mieux et dans les limites du possible ce matériel à notre patient libanais.
Pour rester informée des nouveautés en orthophonie, Internet reste une source principale avec des adresses comme orthomalin; les derniers bouquins ainsi que les revues telles que rééducation orthophonique ou glossa qui peuvent être sur commandes délivrées jusqu'au Liban...