Les études en cours sur l'utilisation du LTMX montrent des résultats encourageants. De quoi se réjouir, mais point trop.
Atlantico : Une technique expérimentale serait actuellement à l'étude pour les personnes malades d'Alzheimer, en implantant des électrodes dans les zones du cerveau impliquées dans la prise de décision et la résolution de problèmes. ​(DBS : deep brain stimulation). Que peut-on attendre de l'application de cette technique d'une forme de "pacemaker du cerveau", déjà utilisée pour les personnes touchées par la maladie de Parkinson ?
André Nieoullon : De fait, quelques essais cliniques ont débuté depuis plusieurs années, pour tenter de voir si l’utilisation des techniques de stimulation cérébrale profonde était susceptible de contribuer à l’amélioration de l’état de malades souffrant de maladie d’Alzheimer, et en particulier des troubles de la mémoire, comme cela est le cas avec beaucoup de succès dans le cadre de la maladie de Parkinson où plus de 70.000 patients dans le monde ont déjà bénéficié de ce traitement. Comme cette DBS a également montré quelques effets dans le traitement de divers troubles de l’humeur et notamment de dépressions sévères, il était légitime de s’interroger sur un possible effet dans les troubles cognitifs.

Les premiers travaux datent déjà d’une dizaine d’années (2008) où, de façon fortuite, l’équipe du Professeur Lozano à Toronto a montré chez un patient traité pour des troubles du comportement alimentaire que la DBS améliorait ses performances mnésiques, alors même qu’il n’était pas atteint de troubles de la mémoire. Dès lors, une étude plus ciblée sur quelques patients atteints de forme légère de la maladie d’Alzheimer (6 malades) a montré qu’après plus d’un an de stimulation continue d’une structure cérébrale bien connue des neuropsychologues que l’on nomme le fornix et qui est en rapport avec les circuits neuronaux de la mémorisation, se traduisait par une amélioration sinon un maintien des fonctions cognitives de ces patients, en rapport avec la stimulation. D’autres travaux sont venus depuis corroborer ces résultats avec la stimulation d’autres cibles cérébrales comme le cortex entorhinal, une autre région des circuits de la mémoire, alors même que la stimulation directe de la structure centrale de la mémorisation, l’hippocampe, n’avait que peu d’effets, voire des effets négatifs. L’un des intérêts de ces travaux est aussi de montrer que c’est lorsque la stimulation cérébrale est appliquée pendant la phase d’apprentissage que les résultats sont les plus probants.

(...)

Auteur de l'article original: Rédaction Atlantico.fr
Source: Interview André Nieoullon
Date de publication (dans la source mentionnée): Samedi, 3. Février 2018
Photo: