Quand ils apprennent à parler, certains enfants se bagarrent un peu avec les syllabes. Cela n’a rien de grave. Mais si l’on ne fait rien, cette difficulté passagère peut se transformer en véritable bégaiement. Mieux vaut donc ne pas la laisser s’installer.

Sept fois sur dix, le bégaiement se manifeste entre 2 et 5 ans. Il s’agit alors le plus souvent d’un bégaiement physiologique et transitoire. Les jeunes enfants, encore en plein apprentissage du langage, ne parviennent pas toujours à faire coïncider leur pensée et leur production de parole, et celle-ci est un peu laborieuse. Ils ont envie de dire plein de choses, mais ils ne sont pas encore tout à fait outillés pour. Normalement, un réflexe de détente leur permet d’enchaîner quand ça bloque. Mais chez les enfants prédisposés, cette détente automatique laisse place à une tension qui prolonge le blocage. Et c’est un cercle vicieux : plus ils insistent sur ce blocage et plus ce dernier s’amplifie.

La solution ? En parler avec le pédiatre de votre enfant ou avec votre médecin traitant. S’ils l’estiment nécessaire, ils prescriront un bilan orthophonique. Pour trouver un orthophoniste spécifiquement formé à la prise en charge du bégaiement, adressez-vous à l’association Parole Bégaiement. La première consultation sera l’occasion de voir ce qui pourrait expliquer l’apparition de ce trouble.

On sait que l’hérédité est un facteur prédisposant important. Mais il faut aussi garder à l’esprit que le bégaiement peut être une façon pour l’enfant de se faire entendre. Peut-être a-t-il du mal à gérer un rythme trop intense (beaucoup d’activités extra-scolaires, beaucoup d’apprentissages), peut-être a-t-il le sentiment d’être un peu délaissé depuis l’arrivée de son petit frère… Il ne s’agit pas de culpabiliser en tant que parents, mais de mettre en place, si besoin, certains ajustements.

Les bons réflexes au quotidien

Parallèlement aux séances avec l’orthophoniste, votre objectif à la maison est d’aider votre enfant à s’exprimer avec confiance et plaisir. Première règle d’or, oubliez les « Calme-toi, répète doucement » ou « réfléchis avant de parler », cela ne ferait que l’empêtrer dans ses difficultés. Dites plutôt « en ce moment c’est difficile de parler pour toi » ou « les mots ont du mal à sortir, je vais t’aider ».

Pour cela, vous pouvez par exemple finir ses phrases en lui offrant un moule, c’est-à-dire en proposant les mots qu’il semble vouloir dire. Il ne s’agit pas de parler à sa place mais de proposer un appui à sa propre parole. Posez-lui aussi des questions simples qui vont l’aider à structurer ses propos.  (...)

Auteur de l'article original: Aurélia Dubuc pour Destination Santé
Source: Interview d’Elisabeth Vincent, orthophoniste (Paris), membre de l’association Parole Bégaiement, le 6 février 2017
Date de publication (dans la source mentionnée): Dimanche, 12. Février 2017
Photo: